pèce mentionnée par d’autres auteurs sous les mêmes noms; on verra
en même temps par là ce qui nous a empêchés de faire accompagner
le nom trivial de chaque espèce par cette phrase d’obligation qu’on reproduit
depuis près d’un siècle, en l’appliquant souvent à des choses
fort différentes, ou de celles qu’on trouve dans les ouvrages modernes
et qu’on emploie en ce moment à défaut de meilleures, encore qu’elles
ne caractérisènt point et ne différencient pas.
Les genres purement artificiels surtout sont intolérables en botanique.
Linné, après avoir créé un système artificiel (car son système sexuel est
de cette nature), s’est bien gardé d’étendre ses idées systématiques à
la formation des genres; il respecta ceux de Tournefort toutes les fois
qu’ils lui parurent naturels. Son travail à cet égard, plein de prudence et
de sagacité , s’est borné à de légers changemens que réclamait l’état de la
botanique déjà fort accrue par ses premières tentatives. Ainsi ses caractères
ont été élaborés d’après le genre ou, si on l’aime mieux, sur le
genre déjà formé. Depuis quelque temps certains botanistes français
surtout semblent avoir abandonné cette voie rationnelle de créer des
genres naturels pour en composer d’artificiels ; aussi les voit-on traiter
avec légèreté les codes de l’immortel professeur d’Upsal, qu’ils prennent
même le parti de ne plus citer, peut-être pour que la sagesse de ses principes,
placés en regard de leurs fictions, ne fasse la critique irrésistible
de celles-ci. Ils ont élaboré a priori leurs caractères, démembré, scindé
et souvent détruit des genres qui jusqu’à eux avaient été regardés comme
exeellens par les botanistes dont l’unique prétention n’était point de
s’ériger en novateurs. En d’autres mots, ils ont abandonné l’ordre d’agglomération
fondée sur des affinités, pour en suivre un tout factice; et
ce qui est vraiment incompréhensible, la plupart de ceux qui suivirent
une marche si antiphilosophique sont 'précisément les mêmes qui prétendent
avoir trouvé le secret dès familles naturelles. Nous nous sommes
bien gardés de nous égarer sur les traces de ces bisecteurs de genres
assez ressemblans, selon nous, à ce spéculateur en petites choses qui
prétendait doubler ses capitaux en fendant ses alumettes. Toutes les fois
que nous avons rencontré de pareils démembremens, nous les avons
repoussés comme de graves inconséquences qui, loin de concourir à la
perfection du plan que le bisecteur prétend suivre, dégoûteraient les
esprits bien faits de l’étude des familles naturelles par le désordre
qu’ils y introduiraient. Plutôt que de démembrer un genre naturel
sous prétexte que le caractère générique n’embrasse pas la totalité des
espèces qui s’y groupent, nous avons jugé qu’il était rationnel de modifier
ce caractère, en l’étendant au besoin. Et en effet,4e genre étant
naturel pendant que le caractère est absolument artificiel, s’il y a lieu
à faire quelque réforme, c’est sur le caractère qu’elle doit évidemment
être faite, vu qu’il n’existe nul inconvénient à réformer ce qui est arbitraire,
tandis qu’il y en aurait beaucoup à toucher à ce qui, étant
naturel, a reçu la sanction des plus habiles botanistes.
Nous avons signalé un assez grand nombre d’espèces que nous croyons
inédites; nous en avons rejeté un plus grand nombre que nous croyons
avoir été mal à propos érigées en nouveautés et devoir rentrer dans le
rang des simples variétés. En cela nous avons été dirigés par l’axiome
fondamental en histoire naturelle : ubi non est différentiel^ neç species.
Et au fond, rien n’embarrasse autant la science, rien ne rend la détermination
des objets plus difficile, que cette multitude de créations
fondées sur de minutieuses et variables différences, qu’on croit apercevoir
entre des individus qur ont vécu en des sites différens, ou même
sur des échantillons desséchés, sur lesquels la préparation suffit pour
produire des modifications dont certains botanistes se contentent lorsqu’ils
veulent grossir leurs catalogues de noms et la somme de leurs
N. ambitieuses.
En effet, comment serait-il possible de parvenir à reconnaître au
sein de la sage nature des, plantes qui n’offrent entre elles aucune différence
lorsqu’elles sont en vie, ou que, les ayant cultivées dans un
même terrain, l’une à côté de l’autre, les soins d’un jardinier les ont