AVERTISSEMENT.
L e temps est passé où, pour composer une Flore, l’auteur empruntait
à quelque édition du Systema ou du Species la phrase caractéristique
qu’il croyait se rapporter à sa plante, et se contentait d’y ajouter pour
habitat le nom de l’une des quatre parties du monde, sans se donner
souvent la peine d’indiquer la nature du terrain qui la nourrissait et
quelle circonstance de station favorisait sa croissance. Les véritables
botanistes ne se contentent plus de travaux superficiels d’une telle
nature; ils veulent des documens, des notes détaillées, qui permettent
les rapprochemens, la comparaison, la distinction ou la détermination
des espèces avec la critique des synonymes, l’indication précise du site
d’habitation et de son influence sur la forme de l’objet lorsqu’il varie,
seul moyen de faire quelque chose de raisonnable sur la géographie
des plantes, partie de la science sur laquelle on a beaucoup écrit, mais
sur laquelle aussi les livres les plus célébrés sont précisément ceux qui
contiennent le plus d’étranges erreurs. Nul botaniste maintenant, quel
que soit son renom, n’est à la hauteur de la science, s’il n’examine
d’abord si ce qu’il donne pour nouveau l’est réellement; s’il forme des
espèces dont la validité soit contestable; s’il ne s’appesantit sur ce qu’on
appelle la critique ; s’il ne débrouille scrupuleusement la synonymie
nécessaire; s’il se permet le moindre habitat douteux; enfin, si, cédant
à la malheureuse manie de placer un N. après quelque nom barbare de
son invention, il lacère des familles ou des genres pour établir des coupes
que n’avoue point la philosophie. Dans la confusion où des auteurs peu
scrupuleux ont jeté la botanique, il devient indispensable de donner des