arrive à la plaine et au village; d’Astres situé sur un rocher triangulaire.
Un mur de construction polygonale couronnait ce rocher du côté de la
terre. Nous ignorons s’il se trouve d’autres ruines à sa surface, mais on
ne peut douter qu’il n’existât ici dans l’antiquité une ville avec un port.
Plus au sud, on voit l’ancien lit du torrent qui ses jette aujourd’hui
au nord du rocher; de là, en se dirigeant vers les sources saumâtres
et le lac de Mousto, on trouve quelques grandes tailles ; elles appartiennent,
suivant le dire des habitans,à une ville qui s’étendait jusqu’à
la chapelle d’Hagia-Triada, ville dont nous n’avons pas d’ailleurs vu
d’autres ruines.
M. de Lagarde, auquel on doit une topographie très exacte du littoral
d’Astros à Monembasie, a reconnu près de la chapelle d’Hagios-
Andréas, située au bord de la mer, à l’extrémité méridionale de la
plaine d’Astros, les ruines d’une ville considérable. L’enceinte de l’acropole
subsiste : sa construction est à la règle droite et rappelle celle
de Mantinée. En outre, en descendant vers la plaine, à l’ouest , il vit
des murs cyclopéens; malheureusement, les seules médailles qu’il ait
trouvées dans cet emplacement ne remontent pas au-delà du règne de
Justinien.
La distance du port de cette ville antique au sommet de l’acropole convient
bien aux 10 stades mentionnées par Thucydides dans le récit de la
prise de Thyrée, tandis qu’il n’en serait pas ainsi pour la position d’Astros.
Remarquons, en terminant cet article , une de ces bizarres traductions
du moyen-âge : le changement d’Astros en Stella.
Avec ces seules données et les renseignemens si obscurs que nous
fournit l’antiquité, 1 nous regardons la détermination des positions de
Thyréa (» ©u?éa), Anthana (» Av0«Va ou’a0#W, suivant Paüsanias),
Nëris (N»fî?) et Eva (e««) comme une question insoluble jusqu’au
moment où elle aura été éclaircie par des découvertes archéologiques.
' On doit consulter, pour l’étude de la Thyréatis : Thucyd., IV, 56 et 57; V, 41 ;
Herod., lib. I, § 82 ; Paus., Cor., C. 38 ; Diod. Sic., XII, 44 ; Stat,, Theb., IV, v. 46;
Niger, Mélétius et Mannert, Géographie der Griechen und R'ômr, t. VIII, p. 637-639. Nous
regrettons beaucoup que M. Kruse, dans son excellent travail sur la Grèce, ne soit pas
encore arrivé à la description de cette partie du Péloponnèse.
Nous nous contenterons de hasarder les probabilités suivantes : La ville
antique située près du cap d’Hagios-Andreas est la seule dans laquelle
un fort près de la mer pût être éloigné à 10 stades de la ville haute ou
acropole, et à laquelle puisse s’appliquer le récit de la prise de Thyrée
par Thucydides. Si Paüsanias n’en parle pas, c’est qu’il la laissa sur sa
gauche, ainsi que la plaine d’Astros, qu’il désigne, avec raison, comme
riche eh oliviers et en arbres de toute espèce. Anthana, la seconde
des villes habitées par les Æginètes, nommee par Thucydides et Pau-
sanias, doit' être Helléniko, dont les ruines paraissant dater de cette
époque, annoncent une destruction subite et une habitation peu prolongée.
Le mont Parnon est le massif du Malévo de Saint-Pierre, où se
trouvaient les limites naturelles, entre la Thyréatis, la Laconie et la
Tégéatis. Le Tanus, seul fleuve qui, descendant de cette montagne, coule
à travers l’Argplide et va se jeter dans le golfe de Thyrée (c’est ainsi que
nous croyons pouvoir entendre ce passage de Paüsanias,1 d accord
avec la topographie ), est le grand torrent de Saint-Pierre, et très
probablement le Charadrus de Stace, sur les bords duquel nous devons
chercher Néris.
Dans cette contrée, les seules constructions que nous ayons vues
d’une époque évidemment antérieure à l’arrivée des Æginètès, sont la
forteresse dans le col du Zavitsa, véritable clé ou porte de la Thyréatis,
le mur d’Astros et une partie des ruines de la ville près d’Hagios-An-
dréas. Nous regrettons de n’avoir pas visité les positions d’Hagia-
Triada et du Kastron-Tis-Horæas, où l’on nous a indiqué des ruines.
Quelques Grecs modernes, d’après Mélétius, qui leur est mieux
connu que les classiques, voient le lac de Lerne dans le lac Mousto, près
d’Astros, placent Généthlium au monastère de Loukou, et, par suite,
transportent la Thyréatis beaucoup plus au sud ; il est inutile de dire
que cette opinion ne mérite pas d’être combattue.
* Paus., Cor., C. 38; 1 .1, p. 599 ; traduction de Clavier.