notes différentielles et des descriptions originales, qui ne soient pas des
plagiats et qui, faites sur les individus mêmes, ne se retrouvent pas
textuellement dans d’autres livres, soit qu’elles conviennent ou non aux
objets décrits. C’est dans ce plan qu’a été exécuté notre travail sur les
plantes qui furent recueillies en Morée ou dans les Cyclades par l’expédition
scientifique dont le sage ministère de \ 827 eut la glorieuse pensée.
Indépendamment des caractères différentiels, chaque espèce peu ou
point connue est accompagnée d’une description aussi complète qu’il
nous a été possible de la faire, et la plupart de celles que nous jugeâmes
nouvelles sont figurées avec soin. Quant aux plantes vulgaires sur lesquelles
d’aussi longs détails eussent été superflus, nous nous sommes
bornés à noter toutes les différences qui peuvent mettre chacun à même
de juger si elles ont été bien nommées, et de redresser nos erreurs si
nous nous étions trompés en leur appliquant tel ou tel nom. Peut-être
nous blâmera-t-on de n’avoir pas, selon le mode usité, commencé les
articles de chaque plante par une phrase spécifique, renfermant les
caractères essentiels seulement; mais que l’on se mette pour un instant
à notre place, et l’on verra que dans l’intention où nous étions de faire
un travail original, il nous était impossible, vu l’état actuel de la science*
de suivre cette voie.
En effet, les caractères différentiels ou spécifiques, successivement
donnés par Linné et par Willdenow, sont devenus insuffisans par l’accroissement
considérable du nombre des espèces découvertes depuis le
temps de ces deux législateurs ; aucun botaniste consciencieux ne s’est
senti la force d’entreprendre l’oeuvre aussi pénible que difficile de refondre
toutes les pbraces caractéristiques, pour les rendre comparatives
et différentielles, èn nous donnant la série complète des caractères
essentiels et en ajoutant à cette refonte indispensable les phrases convenables
à la multitude des espèces nouvelles.
La science en est donc encore à désirer et à attendre un Systema
plant arum y offrant la série complète des caractères essentiels où les
phrases descriptives élaborées avec précision soient mises en rapport les
unes avec les autres, pour que les différences de chacune puissent être
saisies à l’instant. Cependant, pour joindre une bonne phrase caractéristique
à chaque espèce, il faudrait que l’auteur qui se consacrerait à un
si vaste travail pût trouver dans les ouvrages de ses prédécesseurs des
caractères parfaitement établis, où qu’il eût en sa possession la totalité
des espèces de chaque genre, afin déjuger de leur solidité. Une pareille
entreprise surpasserait aujourd’hui les forces d’un seul botaniste. Qui
pourrait espérer de réunir un herbier où seraient tous les types ? Les
matériaux d’un pareil ouvrage ne pourraient guère se trouver que chez
des monographes où son laborieux auteur les irait prendre avec discernement
et comme l’abeille recueille son miel dans les corolles de plantes
sans nombre. Ce n’est donc que lorsque nous aurons la plus grande
quantité possible de bonnes monographies des genres ou des Flores faites
sur le plan dont nous allons donner un essai, qu’on pourra s’y livrer
avec quelque espérance de succès.
Au reste, les phrases caractéristiques, quelque utiles qu’elles soient,
ne sont en quelque sorte que les matériaux d’une table raisonnée des
matières, fort commode, sans doute, pour une étude superficielle, mais
au moyen de laquelle il est souvent impossible de dissiper entièrement
des incertitudes qui finissent par encombrer, s’il est permis d’employer
cette image, la plus vaste mémoire. Ce n’est que par des descriptions
suffisamment détaillées que ces incertitudes peuvent être dissipées.
Ainsi, un travail sur les phrases caractéristiques ne saurait figurer
convenablement que dans un ouvrage général, tel qu’un Systema,
traitant de la totalité des espèces connues, et non dans une Flore partielle,
telle que celle que nous allons donner aux naturalistes, et dans
laquelle nous n’admettrons que les documens ou les notes dont la science
a réellement besoin ; cependant la plupart des plantes même entre les
plus vulgaires y seront décrites avec assez de détail, pour que l’on
puisse juger s’il n’y a pas méprise, et surtout s’il y a identité avec l’es