La carte de la Morée, en six feuilles, à la rédaction de laquelle
nous concourrions, ne pouvait paraître sans indications relatives à la
Géographie ancienne : les ruines des villes helléniques étaient tout
aussi apparentes que celles des bourgades détruites par Ibrahim, et, à
part même leur haut intérêt historique, elles demandaient comme celles-
ci un signe et un nom ; delà, les premières recherches auxquelles nous
fûmes conduit. Plus tard, M. le colonel Bory de St-Vincent demanda
au ministère de la guerre et en obtint la publication d’une carte
générale de la Morée et des Cyclades, destinée à faire ressortir les principaux
faits de géographie ancienne et de géographie physique. Ayant
été chargé de sa rédaction, ce fut pour nous un devoir de nous livrer
à des études plus approfondies, et pendant trois ans, nous avons
recherché dans toute l’antiquité, le moyen-âge etles voyageurs modernes,
les passages relatifs au Péloponnèse. Personne ne sentait mieux que nous,
sans doute,que la tâche du voyageur est d’observer et de décrire et que
comparer et déduire appartient aux sâvans qui ont fait de l’antiquité
une étude spéciale ; la nécessité nous a fait sortir de nos attributions
et la bienveillance de quelques savans qui ont bien voulu nous aider de
leurs conseils,aussi souvent que la discrétion nous a permis d’y recourir,
nous a soutenu dans notre entreprise. Nous citerons avec, reconnaissance
M. Hase, membre de l’Institut, dont le dépôt général de la guerre a
si souvent mis à profit le savoir et l’obligeance, M. Eyriès, qui nous a
facilité la connaissance des géographes allemands, et M. le colonel Lapie,
dont les habiles prévisions sur la géographie ancienne sont presque
toujours confirmées par nos découvertes sur les lieux.
Là nécessité où nous nous sommes trouvé de renfermer dans une
seule feuille la Morée et les Cyclades nous a fait adopter une très petite
échelle, le 600,000e, qui exclut les détails topographiques ; la carte est
construite d’après la projection de Flamsteed, modifiée Éür les parallèles
et méridiens moyens de-37? 50 de latitude et du 21° de longitude.
Le dessin du Péloponnèse résulte de la réduction de la carte en six
feuilles ; les îles ont été empruntées à la carte de M. Lapie à laquelle
nous avons fait quelques changemens d’après des documens de l’amirauté
anglaise et d’après les levers de M. le Colonel Bory de Saint-Vincent.
On eût désiré q u e cette carte réunît à la fois les faits généraux de
géographie physique et de géographie ancienne. Sous le point de
vue de la géographie physique, nous n’avons pu qu’exprimer le plus
nettement possible le système orographique de la Morée ; on y
trouvera peut être de la confusion, mais dans le nord de cette contrée
les môhtagnes forment un cahos auquel nous avons dû laisser son
caractère. Nous avons indiqué avec soin la position des gouffres et des
sources-mèr'es (Kephalovrysï), points de repère de l’hydrographie
souterraine. Dans une contrée*aussi fortement accidentée, les montagnes
suffiront pour indiquer les ‘lignes de partage des eaux ét l’enceinte
de ces bassins Sans issues qui caractérisent le sol de la Grèce
d’une manière si remarquable., ;
Sous le point de vue de la géographie ancienne , nous n’avons pas
prétendu faire une carte systématique du Péloponnèse à une certaine
époque, nçus avons voulu présenter là statistique de ses ruines, telles
qu’elles nous sont connues, en y appliquant lès noms anciens qui nous
ont paru les plus probables et les noms modernes sous lesquels on les
désigne aujourd’hui. Nous n’inscrivons que les villes, forteresses et
monumens dont les ruines ont été vues, ne voulant pas qué l’on puisse
confondre ce qui est positif avec ce qui ne serait que conjectural; les
voyageurs verront ainsi quelles sont les lacunes a remplir et quels doivent
être leurs points de départ pour des découvertes nouvelles.
Dans la dénomination des ruines et des lieux, nous nous accordons
plus de latitude que dans la carte en six feuilles, mais nous marquons
du signe du doute (?) toutes les désignations qui n’ont pour nous qu’une
faible probabilité.
Nous -adoptons l’orthographe latine pour tous les noms anciens et
nous pensons que ce parti sera "généralement approuvé. Quant à
l’orthographe des noms modernes, c’est celle que nous avons suivie
pour la carte en six feuilles d’après les conseils du savant helléniste
M. Hase.
Sur la carte, des signes particuliers sont affectés aux ruines helléniques,
romaines et du moyen-âge, et dans nos recherches nous distinguons,
en outre, les constructions cyclopéennes ou pélasgiques des