exploités sous la domination romaine ; cependant, comme nous le dirons
plus tard, c’est le porphyre vert antique, ou prasophyre, le
a/Jcç Kfom«T»t de Pausanias, qui fut constamment désigné sous le nom
de marbre lacédémonien. Les pierres à aiguiser de l’île de Crête étaient
seules préférées à celles du Taygète1 : nous avons, en effet, trouvé au
sommet de cette montagne des marbres siliceux, comparables aux
pierres dites du Levant. *
Le sommet culminant, l’Hagios Ilias, le Taletum consacré aü soleil
dans l’antiquité, ne nous a offert aucunes ruines; c’est encore aujourd’hui
un lieu consacré, où le culte de saint Élie a remplacé celui du
soleil à l’époque du solstice d’été. La chapelle, formée, de quelques
pierres brutes, devient, alors, le lieu d’un pénible pèlerinage pour les
habitans de la vallée; ils en rapportent avec orgueil une petite fleur
bleue, qui ne croît, disent-ils, que sous les neiges de son sommet.
Eurotas (=‘ Ev'p»t«î). L’Eurotas avait sa source dans la plaine d’Asea
(I rancovrysi), coulait dans le même lit que l’Alphée pendant 20 stades,
et se perdait pour reparaître a l’entrée de la Belminatis ; tandis que
l’Alphée sortait à Pegæ, dans le territoire de Mégalopolis. Cette opinion
n’est pas aussi absurde qu’elle le paraît au premier abord. Les sources,
qui naissent à l’est des ruines d’Asea, se réunissent et se confondent
dans un marais, dont les bords sont aujourd’hui de niveau d’un côté
avec le col de Lianou, au-dessus de la gorge profonde où naît l’Eurotas ;
de l’autre avec le col qui conduit vers Léondari : c’est une véritable
bifurcation. Le nom moderne de l’Eurotas est Iri ; le nom de Vasili-
Potamos doit plutôt s’appliquer au magnifique cours d’eau qui prend
naissance aux sources de Skala, et se jette à la mer a 1 ouest de 1 Iri
après un cours de deux lieues.
Sparte (» Svapr» ). Suivant Polybe, l’enceinte de Sparte avait 48 stades,
ou près de 8 à 9 kilomètres, et était de forme à peu près ronde. L’espace
occupé par les ruines a bien la périphérie donnée par Polybe;
‘ Plin. XXXVI, C. 47.
3 Voyez l’ouvrage de l’expédition scientifique, section des sciences naturelles.. Géolog.,
page 13fi, et suivantes.
quant à la forme ronde, qui n’est pas compatible avec la disposition
du terrain, nous croyons que Polybe a voulu dire que l’enceinte
n’était pas irrégulière comme: celle de Mégalopolis, à laquelle il -la
compare.
Pausanias, dans la description de Sparte , rayonne du centre à la
circonférence; il sort successivement de la place publique dans trois
directions, et en décrit une quatrième vers Therapné, qui probablement
partait du même lieu. Malheureusement il n’indique 1 orientation
que d’une seule de ces directions, et elle nous suffit à peine, en nous
aidant encore de la disposition des lieux, pour fixer l’emplacement de
l’Agora, vers l’angle sud de l’enceinte moderne, en A. (Voyez le plan
général de Sparte, que nous avons dessiné pour l’ouvrage de la section
d’architecture.1) On voit que cette direction conduisait au couchant vers
le théâtre,.'ce.qui ne peut.s’entendre que du couchant d hiver. Au chapitre
12, Pausanias suit d’abord la rue Aphétaïs; il cite à son entrée
l’édifice appelé Boonéta, et à son extrémité, près des murs, les tombeaux
des Eurypontides etle temple de Dictynne, temple que Tite-Live
place également près de l’enceinte. Il nous semble que cette rue Aphétaïs
ne pouvait être que perpendiculaire à la direction de la rue allant
vers le théâtre ; en effet, la place avait une autre issue près du monument
appelé Scias, et cette issue était dans le prolongement de la rue
Aphétaïs, puisque ce fut d’un point situé beaucoup au-delà de la Scias,
que partirent les prétendans à la main de Pénélope, lors de la course
qu’ils achevèrent dans la rue Aphétaïs.’ Cette rue, commençant à la Scias,
conduisait à deux collines, sur lesquelles s’élevaient les temples de Bac.
chusColonate et de Junon Argienne, collines que nous reconnaissons
dans celles marquées B et C sur notre plan, vers l’angle sud-est de
l’enceinte. Nous avons trouvé sur le sol de nombreuses traces de cet
alignement qui traversait Sparte dans toute son étendue, et avait pour
perspective au levant le temple de Bacchus Colonate.
Pausanias, partant des tombeaux des Agiades, revient couper la rue
■ Vol. Il, pl. 45.
* Paus., lue. C. 12, S 2 ; C. 13, 5 4.