manuscrits de Fourmont, mélange extraordinaire d’observations et de
descriptions exactes et d’erreurs grossières, qui font voir, à n’en pouvoir
douter, que leur rédaction était tombée entre les mains d’un ignorant
et, on doit le dire, d’un imposteur. Spon et Wheler, voyageurs consciencieux;
Chandler, souvent leur copiste et dont nous ne saurions faire
le même éloge; le savant et véridique Dodwell; Gell, de l’imagination
duquel il faut quelquefois se défier;*et enfin M. Pouqueville, qui joint
à ses nombreuses recherches celles de tous ses devanciers, mais qui
malheureusement, suivant Mannert, répand tant de fleurs sur sa route
qu’il est quelquefois difficile d’en reconnaître la trace,1
DIMENSIONS GÉNÉRALES DU PÉLOPONNÈSE.
Les anciens ne nous font pas connaître la superficie de la presqu’île;
nous l’évaluons à 216 myriamètres carrés ou, à peu près, à la surface
de trois de nos départemens moyens. A l’exception des latitudes et longitudes
de Ptolémée si erronées par elles-mêmes et par les fautes des
copistes, nous ne possédons d’autres positions mathématiques que celle
du cap Tænare, que l’on peut déduire d’une manière approximative de
diverses données de Strabon ; sa longitude 4500 stades à l’est du cap
Pachynum, est en erreur de 25' environ et la latitude est beaucoup
plus fautive, en supposant, comme on doit le faire, l’emploi d’un stade
contenu 700 fois dans le dégré.
Plusieurs auteurs ont donné le circuit de la Péninsule. Pline,* d’après
Isidore de Charax, l’évalue à 563 milles, nombre qui doit être considéré
comme représentant 4,504 stades; suivant Agathémère,3 il serait de
i Géographie des Grecs et Romains, tom. VIII, p. 5.
* Lib. IV, cap. 5.
3 Âgathem., lib. I, cap. 5,
4,000 stades par le chemin le plus court, et de 8,627 en suivant toutes
les sinuosités des golfes. Le périple de Scylax nous donne tout le
développement du littoral évalué soit en stades soit en journées de
navigation, mais plusieurs des nombres sont évidemment altér^s.Enfm,
» le circuit du Péloponnèse, dit Strabon, ‘ est suivant Polybe de
» 4,000 stades sans suivre les sinuosités:des golfes, et de 4,400 stades
» suivant Artémidore; mais si l’on suit les golfes il est de plus de
» 5,600 stades.j> '
C’est à l’examen des distances de ce dernier auteur que nous allons
nous arrêter, dans le but de démontrer l’exactitude de ses nombres et
en même temps le mauvais emploi qu’il en fait, ainsi que les fausses interprétations
auxquelles, suivant nous, ils ont donné lieu.
11 est à remarquer d’abord que le contour de la Péninsule évalué à
5,600 stades, est donné plus loin en cinq distances partielles dont la
somme fait 5,470 stades, et que la différence 130 stades est assez, exactement
l’erreur commise dans l'évaluation du contour du golfe de Laconie
; nous pouvons d’après cela regarder les autres nombres comme nous
étant parvenus inaltérés. ‘ r
Le circuit du Péloponnèse en suivant les sinuosités des golfes est d environ
8° 19’, et il est très-remarquable que le nombre 5,600 stades dont
Strabon ne cite pas l’auteur, comme il l’a fait pour les précédens, soit
précisément 8» de 700 stades au 0», en sorte que l’on peut penser que ce
nombre 5,600 résulte d’une évaluation en dégrés, avec omission des minutes
comme l’indique cette expression : plus de 5,600 stades.
«Après ces lieux vient l’Araxus, cap de l’Élide, à 1,000 stades de
l’isthme.» ' .
La distance réelle est de 1” 21' qui, évalué en stades en raison de 700
au 0”, donnent 945 stades ou une erreur de 55 stades qui peut provenir
de l’emploi d’un nombre rond. *> . . .
« Tout le tour des côtes de l’Élide, sans compter les sinuosités des
, Strab. VIII, C. 2-.
*. Strab. VIII, C. S.