à l’époque dont parle Tacite, mais cette adjonction ayant cessé au temps
de Pausanias, les territoires de ces trois villes doivent rentrer dans
la Messénie. Au sud, la forêt Choerius, située sur la rive gauche dû
Sandava-Potamos, séparait la Messénie de l’Eleuthérolaconie. *
Dans ces limites, la Messénie avait 27 myriamètres de surface, dont
treize étaient susceptibles d’une riche culture. Cette province et la
Laconie réunies formaient plus du tiers du Péloponnèse.
Abiaurbs (» a’CiV). Cette ville était la première que l’on rencontrât
en quittant l’Eleuthérolaconie. M. le colonel Bory de Saint-Yincent a
découvert ses ruines au village de Palæokhora, situé sur les bords du
golfe; elles sont assez étendues sans avoir rien de monumental; on y
voit quelques traces de constructions polygonales, et de grands murs
sous la mer; c'est Tira d’Homère, d’après Pausanias. Strabon* confond
cette Ira homérique avec celle qui était située sur les frontières de la
Messénie et de l’Arcadie.
La distance d’Abia au torrent de Sandava, sur les bords duquel
devait se trouver la forêt Choerius, limite de la Messénie, est en effet
d’environ 20 stades *. En se rendant de cette ville à Pheræ, Pausanias
signale les sources salées, si remarquables par leur volume, qui ont
donné leur nom au village d’Armyros.
Pheræ urbs ( m ), à 5 stades de la mer, près de l’embouchure
du Nedon, fleuve qui coule à travers la Laconie; elle avait un port où l’on
pouvait mouiller pendant l’été *. Suivant Pausanias, elle était à 6 stades
de la mer, passage important que Clavier omet dans sa traduction,4.
Elle était à 70 stades d’Abia, et à 80 de Thuria5 ; enfin c’était le lieu
où aboutissait la route directe de Sparte à la Messénie, suivant Tite-
Live , et de Sparte à Pylos, suivant Homère6. Toutes ces données plar
1 S.trabon, VIII, C. IV, § 5, pari. II, p. 106 ed. Coray.
1 Paus., Mess., C. 30, § 1.
* Strab., VIII, loc. laud.
‘¿Paus., tom. II, p. 451 Clavier.
1 Paus., Mess., C. 31, § 2.
Tite-Liv., XXXV, C. 30 ; Hom.; Odys., I II, r. 488, et IV, v. 1.
cent Pheræ dans la position de Kalamata. Cette ville, en effet, .est située
à 1800 mètres de son port, où l’on ne peut mouiller que pendant
l’été,.et près de l’embouchure du grand torrent d’Anastasova dans lequel
on doit voir le Nédon; elle se présente au débouché de la route
directe de Sparte à l’çlo-, par la vallée de la Langadia ; et l’excès de la
distance à la mer, 10 stades au lieu de 6 suivant Pausanias, ou de 5
suivant Strabon, peut provenir de l’accroissement des alluvions à l’embouchure
du Nédon. La seule objection que l’on puisse faire, c’est que les
deux distances, 70 et 80 stades, de cette ville à Abia et à Thuria, sont
beaucoup trop fortes, et ne donneraient le stade que de 155 mètres,
objection qui s’appliquerait d’ailleurî à toutes les mesures de Pausanias
dans cette partie de son voyage. Nous ignorons, d’après ce qui précède,
sur quelle autorité M.Mannert peut affirmer que la ville de Pheræ promise
par Agamemnon n’était pas celle qu’il place lui-même â Kalamata. S’il est
vrai que le Palæo-Kastro qui domine cette ville n’a offert à M. Blouet
que des ruines du moyen âge, du moins au temps de Fourmont, il
existait encore beaucoup de débris antiques dans la plaine ; et c’est
là où les nombres 5 ou 6 stades, à partir de la mer, indiquent la position
de Pheræ.
Le Nédon, suivant Strabon, coulait à travers la Laconie; et il est à
remarquer que la rivière de Kalamata prend naissance dans une région
du revers occidental du Taygète, qui, sous le nom d’Opisino-Kboria,
forme encore aujourd’hui une enclave de Mistra.
Thuria urbs I» , à 80 stades de Pheræ, dans l’intérieur des
terres. La ville ancienne était située sur une colline élevée; elle était
à peu près ruinée au temps de Pausanias, et une ville nouvelle lui avait
succédé dans la plaine, près du fleuve Aris. Des ruines, très remarquables
par leur grande étendue, reconnues par M. le colonel Bory sur le
plate ju de Véîsaga, signalent la position de la ville hellénique de Thuria.
On trouve, en outre, dans la plaine, au lieu dit Loutro, des ruines
de bains et d’autres édifices romains situés sur les bords de la rivière
de Pidima, qui doit être le fleuve Aris.
Limnoe regiuncula zu?i°v) et Calamoe vicus (k
Guidé par l’analogie des noms, on a voulu placer cette région et le
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