Lerne au lac Mousto, près d’Astros, il est bon de rappeler que le littoral
de Lerne n’était pas à plus de 40 stades d’Argos.1 Le lac n’avait
qu’un .tiers.-de stade de circuit ; la digue construite pour les moulins
lui en donne beaucoup plus aujourd’hui.
Le cours' de la Lerna, depuis la fontaine Amymone jusqu’à la mer,
est d’environ 250 mètres. A cent ou cent cinquante pas des Kephalo-
vrysis, vers le sud du lac, on trouve une source qui peut être la fontaine
d’Amphiaraüs. Elle sort au niveau du lac et à la base d’un tertre dont le
sommet montre les ruines d’un temple.
Hysioe (a! 'r<r/»/). Cette ville se trouvait sur la route d’Argos à Tegea,
près des frontières qui, dans cette direction, étaient tracées par le torrent
de la plaine d’Akhlado-Kambos. Nous avons vu à 1,500 mètres au sud du
village de ce nom, près de la fontaine et du Khani de Dousa, qui domine
la plaine, les ruines d’une ville qui ne peut être qu’Hysiæ.
De l’autre coté de la plaine, sur un pic rocheux qui commande le
défilé du Parthénius, s’élèvent des ruines en terrasses et de diverses
époques : on les nomme Palæo-Moukhli. Fourmont ÿ cite des constructions
polygonales , elles nous ont échappé ; mais les ruines du moyen
âge annoncent une ville importante. Nous présumons que ce doit être
la position de l’hiéron de Pan ou de l’enceinte (ré/tevoç) de Télèphe,
et plus .tard celle de Nicli.de la Chronique de Morée ou de Moukli des
autres écrivains Byzantins.
Genesium et Apobathmi, vici. Tout ce que Pausanias nous apprend de
ces deux bourgs est leur position sur le bord de la mer, au sud de
Lerne. Nous avons parcouru cette côte sans voir aucunes ruines, et
M. de Vaudrimey, auquel nous devons la topographie de l’Argolide,
n’a pas été plus heureux.
Cependant le manuscrit de Fourmont, autant qu’on peut le comprendre,
mentionne à l’embouchure de la rivière d’Akhlado-Kambos, qu’il
appelle Friçsos, des ruines qu’il attribue à Temenium et qui doivent
être Genesium ou Apobathmi ; le village albanais de Kivéri occupe
aujourd’hui cet emplacement.
Paus., Cor, C. 36, vol. I, p. 369, éd. Siebelis.
En remontant la vallée, M. de Vaudrimey a vu Ma rive droite de la
rivière et à 4,000 mètres de là mer les restes d’un monument d’une
grande antiquité, et au-delà, sur la rive gauche, nous avons trouvé les
ruines d’une ville, et celles d’un temple situé près d’un petit.monticule.
Il est possible que ce soit l’emplacement d'Eleous : Apollodore * désigne
un des. chemins qui partent de Lerne , sous le nom de chemin d’Eleous
(.h et en outre Eloens (’EXaia,) est une ville d’Argolide, suivant
Étienne ; or la seule route qu’on pût désigner ainsi est celle de la vallée
où se trouvent ces ruines; on eut dit pour les autres : route de Nau-
plia, d’Argos, d’Hysia; ou de Genesium. Pausanias ne nous parle pas
de ces ruines, parce qu’ii prit la route du littoral.
Dine (iîAiim'). Lieu près de Genethlium, où de l’ean douce jaillit au
sein de la mer." Les traducteurs, et surtout Clavier,’ s’éloignent ici tellement
du texte, que, sans son secours, il nous aurait été impossible de
deviner qu’il s’agissait d’un fleuve sous-marin qui s’élève dans la mer,
entre Kivéri- et Astros, phénomène que les Grecs modernes désignent
sous le nom à’amvolo, d o n t le s e n s pourrait rappeler celui de dine (tourbillon).
Pausanias dit que ses eaux provenaient, par des conduits souterrains
, des gouffres de la plaine Argos, dans le territoire de Mantinée.
Une route, entre la mer et les marais, conduisait de Lerne à Nau-
plia, dès le temps de l’attaque d’Argos par Pyrrhus;4 ce fut probablement
une partie de même chemin que parcourut Cléomènes,’ lorsque,
revenant des bords de l’Erasinus, il s’embarqua à Thyrea, pour descendre
dans l’Argolide, près deNauplia. Le pavé vénitien est aujourd’hui
affaissé au niveau de la mer en plusieurs points , et nous croyons
qu’un affaissement beaucoup plus considérable a.eu lieu sur ce rivage
depuis une époque plus reculée. .
* Biblioth., lib . II, G. 13.
* Il nous semble que la leçon h âalâ-ari àvïj»x?^evovJ donnée pa r les manuscrits et
adoptée par les premiers éditeurs de Pausanias (aire., C. 7, § 2), est préférable à «x OiUcemi
“ ief'x4'-5vov > comme on lit actuellement dans le texte.
1 « Dine est un lac d’eau douce formé par la mer. » L a suite de ce passage, dans le
texte, explique parfaitement le phénomène que Pausanias décrit. (Cla v. T . IV. p . 279.)
* P lutarch., Pyrrhus, C. 31 .
5 Herod., V I , 76.