Le chiffre de 1,400 stades nous indique encore ici 2° de 700 stades,
nombre rond auquel l’auteur où puisait Strabon évaluait les deux
dimensions du Péloponnèse.
La distance du cap Malée à Ægium est, en effet, de 2° 1', et il est à
remarquer que c’est en même temps celle du cap Tænare à Drépanum,
les deux points extrêmes de la Morée dans le sens des latitudes. Quant
à la distance dans la direction de l’est à l’ouest, Strabon, qui n’avait
que les idées les plus imparfaites sur la géographie du Péloponnèse ,
l’applique d’une manière toute fautive; Gosselin l’a fait remarquer,
mais, faute de cartes exactes, il ne put s’apercevoir que ce nombre
avait toute l’exactitude du précédent. Les. 1,400 stades dans cette direction
n’excèdent, en effet, que de 2' ou 23 stades la largeur du Péloponnèse
, mais il faut la compter du cap Ghélonatès au promontoire
Scyllæum et non à l’isthme, altération du texte de Strabon ou de quelque
auteur plus ancien. Cette correction du textegrec est en outre
appuyée par Strabon lui-même qui, en disant, par Olympie et le terri-
toire de Mégalopolis, indique bien la direction du Scyllæum et non celle
de l’isthme.
C’est en combinant ces diverses distances, dont la somme s’élève à
8,400 stades formée par plusieurs multiples exacts de 700, et les comparant
avec les mesures prises sur notre carte, que nous avons pu reconnaître
que l’erreur de Strabon se réduisait au trente-cinquième, en
moins, de la distance totale et provenait en grande partie de ce qu’il
avait négligé vingt et quelques minutes pour donner des comptes ronds,
tandis que si les mêmes distances étaient évaluées en stades olympiques
l’erreur serait de près d’un sixième.
L’examen du contour du Péloponnèse par les plus courtes distances
nous conduit à un résultat analogue. Le périmètre de cette péninsule
est exactement de 358' ou d’environ 6<>, et ce nombre évalué en stades
de 700 au degré donne 4,200 stades, valeur moyenne, entre les 4,000
stades dé Polybe et les 4,400 d’Artémidore.L’erreur, en plus ou en
moins, n’est alors que de 17'; si, au contraire, on regardait ces stades
comme contenus 600 fois dans le degré, l’erreur serait de 40' dans
la première évaluation et 1° 20' dans la seconde.
ACHAIA (H âxaÏa).
Nous réunissons dans un même chapitre les faits relatifs à l’Achaïe
proprement dite, à la Sicyonie, à la Phliasie et à la Corinthie. Cette division
, qui appartient à Pomponius Mêla et à plusieurs géographes
anciens et modernes,a le double avantage de concorder avec la géographie
physique en embrassant la plus grande partie du versant septentrional
de la Morée, et ayec l’histoire en groupant toutes les contrées
qui se montrent unies dans la grande époque dé la, ligue achéenne.
Nous devons reconnaître, cependant, que les deux divisions politiques
connues dans l’antiquité sous le nom d’Achaïe furent : l’une, l’ancienne
Ægialée, Achdia propria; l’autre , la province romaine formée de toute
la Grèce méridionale.
Nous mettrons la Table théodosienne au premier rang des documens
géographiques sur cette partie du Péloponnèse; elle nous indique
une voie militaire s’étendant de Mégare à Dymé par Corinthus, Sicyon,
Ægira, Ægium et Patroe. Si nous nous bornons à la distance comprise
entre Corinthe et Patras, nous trouvons les 85 milles romains que Pline
assigne à cette même distance; mais il est à remarquer que la Table
n'arrive à ce résultat que par une erreur compensée, observation qui
si elle n’avait échappé au savant Mannert, l’eût empêché d’attribuer à
Sicyon une position erronée.
La somme des deux distances de Mégare à l’isthme et de ce point à
Corinthe (VIIIM.) répond parfaitement à la distance vraie, qui du centre
des ruines de Mégare au centre des ruines de Corinthe est de 45,500
mètres ; l’erreur serait de 500 mètres au plus et on doit l’attribuer à
l’incertitude des points de départ et d’arrivée. La Table nous donne
ensuite les distances de Corinthe, d’un côté à Cenchrées (Cencris) VII
et de l’autre à Lechæum (Letin) III. La première est parfaitement
exacte et si on la compare aux 70 stades de Strabon, elle semble indiquer
l’emploi du stade de 10 au mille.
La distance suivante, Letin h Sicyon XX, est évidemment erronée*