de l’Elide, les limites de l’Achaïe s’étendirent successivement de
l’embouchure du Pirus, où nous les trouvons dans, les temps les plus
reculés., jusqu’au Larissus. Avant l’expulsion des Ioniens par les
Achéens, le dos peu prononcé qui s’étend du mont Movri, partie
du Scollis, au cap Araxus, formait déjà la limite entre l’Élide et
l’Achaïe ; plus tard elle fut portée au Larissus où elle est restée jusqu’à
nos jours: cette rivière sous le nom de Mana sépare, encore aujourd’hui
le territoire éléen de Gastouni de l’éparchie de Patras.
L’Achaïe» dès la plus haute antiquité, se forma non pas delà totalité
du versant septentrional de la presqu’île, mais principalement,
comme son nom primitif Ægialia (’alyiatia) l’indique, de la partie littorale.
La région montueuse située vers la naissance des gorges de
l’Achaïe appartenait bien plus naturellement aux pasteurs autocthones
de l’Arcadie qu’aux navigateurs et cultivateurs de l’Ægialia.
Le Larissus, conduisait au sommet du mont Movri, dépendance du
Scollis, possédé en partie par les Achéens , en partie- par les Eléens.
Au-delà, les faîtes de l’Erymanthe séparaient: les territoires achéens
de Leontium et de Tritæa de celui de Psophis ; plus loin, les
limites abandonnaient les lignes de partage des eaux et l’Arcadie
s’avançant snr le versant septentrional embrassait le petit bassin de
Cynætha, que nous croyons Kalavryta, ainsi que le territoire de
Nonaeris, région située vers les sources de Crathis, et nommée aujourd’hui
Kloukinès, L’Achaïe s’arrêtait là où commençaient les hautes
montagnea et où les gorges devenaient à peu près impraticables.
Les limites de l’Achaïe, entre Ægira et Pheneos, étaient fixées au
temple de Diane Pironia, sur le mont Crathis, et plus à l’est, au
col Porinas, situé au pied du mont Chelydorea, nommé de nos jours le
Mavronoros ; cette montagne n’appartenait même pas en totalité à
l’Achaïe dont la largeur se trouvait ici réduite à moins d’un myriamètre,
C’est ainsi qu’aujourd’hui le canton arcadien de Kalavryta enlève,
en suivant à peu près les mêmes limites, une portion du versant
septentrional aux cantons littoraux de Vostitza et de Corinthe.
Le territoire de Pellène terminait l’Achaïe proprement dite, et
avait pour limites du côté de l’Arcadie le mont Chelydorea et le mont
Cyllène, dont le versant méridional appartenait à la Stymphalie ; le
fleuve Sys séparait Pellène de Sicyon.,
L’Achaïe , ainsi limitée, n’avait pour surface que 2-1 myria-
mètres dont trois seulement étaient susceptibles d être cultives par la
charrue. Cependant elle renferma, dès les temps les plus anciens,
douze villes principales avec leurs territoires distincts, et plusieurs
autres moins importantes.
La division de l’Ægialée en douze cités ou cantoès remonte à une
époque très-reculée; elle existait lors de la. conquête par les Ioniens,
1 ou fut établie par eux. Les Achéens, après l’expulsion des
Ioniens, conservèrent la division qu’ils trouvèrent établie. Les dif-
férens historiens varient sur les noms de ces douze cités. Suivant
Hérodote ,s les Achéens s’établirent dans les douze villes de Pellène,
Ægira, Ægæ, Burà, Hélice, Ægium, Rhypes, Patræ, Pharæ,
Olénus, Dyme>, Tritæa; on voit que cet écrivain suit l’ordre géographique.
Pausanias ne nomme pas Patræ dans les douze villes habitées
par les Ioniens, parce que, suivant lui, cette ville n’avait été fondée que
plus tard par Agénor, l’un des conquérans achéens ; il ajoute Gerynæa
pour compléter le nombre douze. Polybe3 nous montre également
l’existence de la confédération des douze villes, qu’il nomme non
dans un ordre géographique, mais dans l’ordre chronologique de leur
accession à la ligue acheenne. Ces villes sont les memes que dans
Pausanias, à cela près qu’il remplace Rhypes par Leontium,et qu’il note
Olénus et Héliee comme détruites par un tremblement de terre peu de
temps avant la bataille de Leuctres; cette erreur relativement à
Olénus vient peut-être de ce (pie cette ville avait refusé de faire
partie de la ligue achéenne, comme nous l’apprend Strabon.
Nous allons identifier aux positions modernes les principaux lieux
de l’Achaïe cités par les anciens, en nous dirigeant de 1? ouest à l’est
pour suivre, la marche de Pausanias.
Le promontoire Araxus ["Apa^oi axpcc) n’est pas le cap Papa, comme
* Strab. VIII, c. 8 et Paus., Ach. c. 6.
1 Hérod. I, § 145.
* Polyb. II, § 41.