relie de l’Ârgolide. Trois routes partant de Lerne la traversaient dans
l’antiquité comme de nos jours. La plus occidentale remonte la vallée,
passe à Andritséna, ville du temps de Fourmont, petit village
aujourd’hui, et conduit à Dolianq , dans l’ancien dème de Tégée,
nommé Garéates. Laseconde, route directe d’Argos à Sparte, franchit
la chaîne dans un col très élevé. Les rochers ont été taillés en plusieurs
endroits, et au sommet de la montée on trouve un petit plateau artificiel.
Après un quart d’heure d’une descente peu rapide on. voit, sur la
crête d’un contrefort qui domine la route un Palæo-Kaslro en blocs
presque bruts, et, sans aucun doute, d’une haute antiquité; la porte du
côté du col est construite en forme de tambour, comme celle des monu-
mens pyramidaux. Ce château-fort pouvait être regardé comme la “porte
de la Thyréatis. Etant descendu au bas de la montagne, nous trouvâmes,
sur un petit plateau qui domine le torrent, les ruines d’un
bourg antique, et de l’autre côté de la vallée, le monasterè de Loukou,
que Fourmont nomme Metamorpboseos, ou de la Transfiguration, placé
au confluent du grand torrent d’Hagios-Petros (le Tanus), et de celui
qui descend d’Helléniko. Les ruines de Loukou sont romaines : on y
remarque des colonnes en granité, des pavés en porphyre vert antique
(kçox««t»ç x/ioe), des caryatides, etc. (F. la Description de laMorée,
section d’architecture, tome II.) La position de ces ruines près du torrent
destructeur de Saint-Pierre rappelle le vers de Stace :
Quæque pavet longa spumantem valle Charadron
Neris.'
Pausanias ne suivit pas cette route, car il n’eût pas passé sous silence
des ruines si remarquables. Les Caloyers nous dirent que c’était un
temple de Neptune ( uoa-eij'àviov), idée qu’ils ont prise dans Mélétius et
qui ne repose que sur une erreur de ce géographe, qui, quoiqu’archevêque
d’Athènes, n’avait aucune idée de la topographie dii-Péloponnèse.
En continuant à suivre la route directe de Sparte on arrive par
une gorge au Palæo-Kastro dit Helléniko, à 45 stades d’Astros. C’est
une enceinte flanquée d’un grand nombre de tours carrées, dont l’ar-
Thebaïd., IV , v . 46.
chitecture militaire, quoique plus brute, est analogue à celle de Man-
tinée ; les murs ont été évidemment rasés au niveau du rocher qu’ils
enveloppent, et non renversés par l’effet du temps. Au pied des murs,
sur la route d’Astros à Saint-Pierre, on voit les premières assises d un
monument pyramidal, tel que ceux de la plaine d’Argos et de Ligouno;
au-delà de Méligou et d’Hagios-Ioannis, nous trouvons le Kastron-Tis-
Orias ou Horeeas, qui, vu de la route, nous a paru moderne, mais,
comme sa position est très forte et qu’elle ferme l’entrée de la Thyrea-
tis, il est probable qu’on y trouverait des substructions antiques. Les
habitans du village d’Hagios-Petros, situé au-dessus du fleuve Tanus,
nous ont indiqué d’une manière vague, dans le sud, une ville ancienne
que nous n’avons pas vue. Enfin, au sommet de la montée, à 3 kilomètres
au sud du village, et à la séparation des eaux du golfe d’Astros,
de la plaifte de Tripolitsa et de la Laconie, on voit des tumulus
que les Grecs'désignent comme des-tombeaux, et que nous croyons
remplacement des hermès dont parle Pausanias : * ces bermès, qui
appartenaient à la fois à la Thyréatis, à la Laconie et au territoire de
Tégée, ne pouvaient être placés d’une manière plus convenable qu’au
point de partage des eaux commun à ces trois régions.
La troisième route part de Kivéri et suit le bord de la mer dans un
défilé étroit, dangereux et tellement aride, qu’on a été obligé de con-
struire une citerne à moitié chemin. Toutes ces circonstances convien-
nent parfaitement à la route Anigræa de Pausanias.’ Après un trajet de
9 kilomètres;, entre les rochers du Zavitsa et la mer, on arrive au-dessus
des sources sous-marines de l’Anavolo {Dine), que,Pausanias place
près de Généthlium. En sortant du défilé, on voit la plage dessiner les
contours du seul golfe qui pût porter le nom de golfe Tkyréate; » puis on
1 Cor., C. 3 8 , § 7 , v o l. 1 , p. 3 7 6 , édit. Siebelis.
. 1 ÈvtïuOïv Sîieovrw Àviypstïd xeàovpsva, otbv xçd rsvtv, xai aiïuç Sûa€arov. [Cor., C. 38, § 4,
p. 375). Ce passage nous semble indiquer le défilé prés de la mer 3 ce n ’est pas ainsi que
Pausanias se fût exprimé s’il avait f r a n c h i le g o ! élevé de 600 à 700 mètres qui se trouve sur
l’autre route. Le Génésium, dont l’auteur grée parle au commencement de ce paragraphe,
parait être la même localité que celle qu’ailleurs i l appelle Généthlium. (Ar c. , C. 7, § 2 ,
vol. m . .p. 292). Laquelle de ces deux orthographes est la bonne ? ’
* Paus., Arc., C. 3 , § i , vol. m , p. 277.