de cette dernière contrée, il sentait davantage la nécessité de la décrire,
et si ses descriptions géographiques sont rares, elles sont toujours précises
et sans-obscurité ; de même Polybe qui n’écrivait plus seulement pour
les petites républiques de la Grèce, mais qui placé sur un théâtre
plus élevé ambitionnait autant les suffrages de Rome que ceux d’Athènes
et appréciait en oùtre , sous le rapport militaire, toute l’importance
de la topographie , nous a laissé, particulièrement sur l’Elide et
l’Achaïe, des matériaux du plus grand prix-.
Nous citerons encore Plutarque, Diodore et les historiens latins
dont nous ne pouvons attendre la même exactitude ; parmi les géographes,
Strabon, qui malheureusement, dans la description du Péloponnèse
, n’est souvent que le commentateur sans critique de la
géographie homérique ; l’abrégé méthodique de Pomponius Mêla ; le
périple de Scylax, le plus ancien des portulans, ouvrage qui nous
semble avoir été fait avec méthode et exactitude, et enfin les compilations
de Pline, de Solin et les tables de Ptolémée.
Parmi les poètes , nous devons mentionner Stace qui, sans doute,
visita la Grèce avant d’écrire sa Thébaïde, et caractérise les lieux à
la manière d’Homère , par une épithète géographique toujours juste.
NoiiS avons dû chercher avant tout à nous bien pénétrer du but et
de la méthode de Pausanias, travail sans lequel il serait impossible
dé l’interpréter d’une manière exacte. La description géographique
de la Grèce ri’était pour lui qu’un objet secondaire ; on lé croirait
dirigé par la pensée philosophique de recueillir et de'léguer à la
postérité les traditions historiques et religieuses de la Grèce au
moment où elles allaient disparaître; il en résulte que s’il décrit avec
le plus grand soin les monumens, il n’attache qu’une faible importance
aux lieux. On chercherait envain dans ses écrits la description pittoresque
d’un de ces sites remarquables que la Grèce lui offrait à chaque
instant. Pas un mot, pas une épithète n’annonce l’intention de
peindre, défaut qui, au reste, lui est commun avec toute, l’antiquité
et que nous concevons difficilement, aujourd’hui où dans
nos1 écrits tout est peinture; cette observation était nécessaire pour
comprendre comment les sites les plus remarquables, montagnes,
fleuves, forêts sont passés sous silence sur la routé qu il a suivie, tandis
qu’il nomme un ruisseau, une colline ou un arbre auxquels se rattachent
qu'elqüe's traditions où quelques mythes. . '
Si un voyageur, en ne décrivant que ce qu’il a vu, pouvait être
trop consciencieux, Pausanias mériterait ce reproché; il ne rend
compte que des objets qu’il rencontre dans sa route. Les villes où ses
itinéraires ne Pont pas conduit, Sont omises Ou ne; sont- nommées
qu’accidentellement, rigorisme qui noüs a sans doute privés d’une foule
de rcnseignemens précieux, mais dont quelques-uns de nos voyageurs
modernes se sont trop écartés.
L’ordre que notre auteur suit dans sa description, ordre dans lequel
il persiste, ■parcequ'il le trouve trèsrbon, consiste à rappeler d’abord toutes
les origines relatives à la province et à indiquer légèrement les peuples
avec lesquels elle confine. Il décrit la capitale et son territoire , ne
s’occupant d’ailleurs que des monumens et surtout des monumens
religieux ; il rayonne ensuite de ce . centre vers les extrémités de la
province, et. s’arrêtant à la limite qu’il ne vous indique souvent
qu’en signalant des Hermès il passé brusquement à un autre rayon
sans vous en dire le motif. Dans la description de la province voisine,
après les origines qui appartiennent à- son ensemble, il reprend les
routes décrites précédemment, là où il les a laissées, ou plutôt,, ce qu il
est important déconsidérer, au premier objet remarquable .situé sur
leur prolongation; delà naissent de fréquentes lacunes dans les distances
d’une contrée à une autre, Dans les provinces subdivisées en plusieurs
petits états ihdépendans, comme l’Arcadie, il se transporte successivement
aux différens centres et rayonne jusqu’à leurs frontières , d’où
résultent des lacunes, encore plus fréquentes. C’est, ainsi que nous
n’avons pas les distances totales, de Tegée à Mantinée, de cette ville à
Methydrium, de Mégalopolis à Messène-, etc.
Parmi les écrivains de la renaissance, Dominicus Niger est le seul
qui nous paraisse avoir eu des connaissances positives sur 1 intérieur du
Péloponnèse; beaucoup plus tard Mélétius n eut aucune idée de-sa
topographie, quoiqu’il fut archevêque d’Athènes.
Parmi les sources modernes où nous avons puisé nous citerons les
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