Gés diverses circonstances conviennent à la montagne dite Kokala, extrémité
d’un contrefort de l’Hellénitsa, auquel elle ne tient que par un sentier
bordé de précipices. Les ruines antiques y sont rares ; elles auront
sans doute servi à la construction d’un grand nombre d’églises (trois cent
soixante-cinq, au dire des Grecs) qui couvrentUPpenchant de la montagne;
nous y avons trouvé un bas-relief représentant les Muses. La tradition
locale fait de ce lieu le théâtre d’un massacre tel, que le sang
coulait jusque dans la plaine de Sakona. Il serait possible que cette tradition
, au lieu de remonter à la prise d’Amphée, fût relative à la victoire
remportée par Villehardouin à la Longue-Côte ou à Makriplagi r
et que ce lieu saint fut la Phanéroméni de la Chronique! Deux cours
d’eau convergent au pied de la montagne où nous plaçons Amphée , et
forment, suivant nous, l’Amphitus qui débouche dans la plaine au sud
de Loutro et du Khan de Sakona ; M. Gell signale quelques ruines sur
sa rive gauche. On ne peut objecter qu’Amphée, dans cette position,,
eût été place frontière de l’Arcadie et non de la Laconie ; car Sparte
était alors maîtresse de l’Ægytis, conquise sous le règne d’Archelaüs ',
et toute la vallée de la Xérilla appartenait à cette région®.
Ira (» eFç«). Les ruines de cette ville, construites en assises irrégulières,
couvrent le sommet d’une montagne qui se rattache au Tétrage,
entre Stasimi et Kakolétri; elles descendent jusqu’auprès du confluent
du torrent de Stasimi et de la Néda, et se terminent là par une plateforme
, entourée d’une enceinte en grands parallélépipèdes: Un canal
souterrain y conduisait les eaux de la montagne. M. Blouet a observé
beaucoup de débris antiques dans le col à l’ouest de l’acropole : c’était
la position de la ville ou du camp retranché des Messéniens. Il sera
curieux de comparer, à l’architecture militaire de Messène, celle de la
1 Paus.,' Lac., C. 2, § 5.
3 M. Mannert semble conclure du silence de l’histoire au sujet d’Abia, de Pheræ et de
Thuria , que ces villes appartenaient déjà aux Lacédémoniens lors de la prise d’Amphée
et de la première guerre de Messënie ; le contraire parait résulter d’un passage des Mes-
séniennes, C. 3, § 6, où Pausanias dit que trois générations avant que les hostilités commençassent
pour la première fois, Isthmius , roi de Messénie, construisit un temple à Pheræ.
forteresse d’Ira, construite trois siècles plus tôt, et celle des villes
minyennes de la Triphylie, fondées, suivant Hérodote, huit suèdes
avant la même époque. (Voyez section d Architecture, t. i et n. ) < >
Strabon montre combien la géographie du Péloponnèse lui était inconnue,
en confondant l’Ira promise à Achille avec cette Ira qu’il place
sur la route de Mégalopolis à Andanie ‘.
Corone urbs (# koçuvh), ville maritime, a la droite du Pamisus en ver
nant de Messène, au pied du mont Temathias, près de 1 emplacement
à’Æpea, ville homérique sur un site élevé; les eaux arrivaient à la ville
d’une belle source éloignée de 20 stades *. Les ruines de cette ville, d’après
M. le colonel Borÿ, couvrent la plage de Pétalidi, au-dessus de
laquelle s’élèvent, sur une crête rocheuse, les murs en assises irrégulières
de l’acropole ou peut-être d’Æpea; l’étymologie de ce nom convient
au site comme l’ordre dans lequel Homère la nomme convient à sa position,
à l’ouest des vastes prairies de Nisi et du Pamisus, vers lesquels
devait être située Anthéa ( " a c e l l e - c i n’est peut-être que l’Æthea
de Thucydide et d’Étienne, du moins les Æthéens du premier
étaient voisins des Thuriates. Paulmiers s’étonne de ce que Scylax n’ait
pas mentionné Corone ; c’est au contraire une preuve de plus en faveur
de l’antiquité contestée de cet écrivain : Æpea était détruite, et Corone
ne fut fondée que lors du rétablissement des Messéniens par Epami-
nondas.
Colonides oppidum («» KoXuviJ'eçj. Avant de parler de Colonides, Pausanias
mentionne un temple célèbre d’Apollon, situé à 80 stades de
Corone. Nous croyions avoir trouvé ses débris entre Longa et la mer, à
200 ou 300 mètres du rivage, dans les substructions d’une chapelle
byzantine à moitié enfouie dans les alluvions; mais M. Blouet ayant reconnu,
sur le sommet de la colline de Kastélia divers restes d’architecture,
£t de sculpture, et cette position convenant beaucoup mieux a la
1 Strab., lib. VIII, C. IV, § 5, part. II, p. 106 ed. Coray.
* Son port est très bien décrit par Polybe. suivant M. Pouqueville. Nous avouons que
ce passage nous a échappé.
* Exercit. in auct. graec., p. 272.