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 l atiqnes arracliés aux sommets les plus élevés des Alpes.  
 ^  Après  avoir  gravi  les pentes  qui  s’élèvent derrière  
 Payta,  on  arrive  .à  nn  plateau  aride  se  prolongeant  à  
 toute vue dans le  N.,  et  qui  est l,o,-né  dans l’E.  par la  
 Cordil.è,-e  distante  de  ■/,  à  ,5  lieues,  et  dan.s  le  S.,  
 par  une  montagne i.solée  dont  les  pentes  viennent  se  
 terminer  à  la  mer.  Son  sommet forme  une ligne horizontale, 
   se relevant des  deux  côtés  pour  former  ensuite  
 des pentes  rapides de manière à  offrir une  vague  
 ressemlilance  avec une  selle, ce  qui  lui  a  fait donner  
 par  les  navigateurs  le  nom  de  la  Silla. 
 Cette montagne,  distante  d’environ  3  lieues,  étant  
 le point  qui  paraissait  le  plus  propre  à  donner  quelques  
 notions  sur  la  constitution  géognostique  de  ce  
 pays,  je  m’y  suis  rendu  le  premier jour  qn’il  m’a  été  
 possible  de  consacrer  à  une  exploration  un  peu  
 longue. 
 Rien ne peut rendre l’aspect aride et désolé de ce plateau, 
  brûlé par un soleil ardent, et sur lequel il ne croît  
 qn’nne  végétation  rare et  malingre.  On  y  voit à peine  
 quelques  chétifs  arbustes  dont  les  racines  pénètrent  
 ce calcaire cellnlenx ipii est là presque à nn.  La grande  
 catastrophe qui a mis fin  à la période géologique à laquelle  
 a  succédé  celle  dans  laquelle  nous  sommes,  
 et  qui  a  presque  partout  recouvert  les  dépôts  formé!  
 d une  couche  favorable à la  végétation, a au  contraire  
 dénudé  tout  le  sol  de  ce  plateau.  La  légère  coucbe  
 meuble qui recouvre  la  roche est le  résultat de la  dégradation  
 séculaire,  et  la  grande  perméabilité  de  ce  
 ■sol  empêche  que  les  eanx  pluviales  ne  puissent  mo- 
 GÉOLOGIE.  155 
 difier ces sables calcaires et siliceux,  et les rendre plus  
 propres  à la végétation. 
 Aucun  chemin  tracé  ne  se  fait  voir  sur  le  sol  qui  
 est  absolument  plan,  et  bien  nous  piit  d’avoir eu  la  
 précaution  de  relever  à  la  boussole  nn  des  sommets  
 de la  Silla au  moment du  départ,  car,  sans cette précaution  
 ,  il  nous  eût  été  difiicile  de  retrouver la ville  
 bâtie,  comme je l’ai dit, au pied de la falaise,  et  invisible  
 de  tous les points  du  plateau. 
 Sur  le  sol  se  montrent çà et  là des  cailloux  roulés  
 de  phyllade,  de  quartz  et  d’un  pétrosilex  verdâtre,  
 piobablement  talcifère,  qui pourraient  bien  indiquer  
 le  voisinage  de  terrains  plus  anciens  que  ceux  de  
 phyllade. 
 En  approchant de  la  Silla  le  sol  s’élève graduellement, 
   et  à  peu  de  distance  de  sa  base,  nous  nous  
 trouvâmes inopinément  au  bord d’une  large  crevasse  
 dirigée  de l’E.  à  l’O.,  et dont  le fond  était  à  environ  
 20  mètres  au-dessus  du  niveau de la  mer. Là le phyllade  
 qui se montre sur les deux faces est complètement  
 dénudé  et  traversé  dans  tous  les  sens  par  une  matière  
 quartzeuse  blanche  qui  s’est  introduite  de bas  
 en  haut.  Cet  accident  a eu  lieu  peu  dejtemps  après la  
 formation  du  phyllade,  car aux  parois  des  filons  les  
 deux roches  se mêlent  et s’insèrent  l’une dans l’autre. 
 En  tournant  plusieurs  de  ces  lavins  parallèles,  
 dont  les  uns  sont  sans  issue  et  dont  les  autres arrivent  
 à  la  mer,  nous  pûmes  parvenir  à  l’un  des sommets  
 de la  Silla,  élevé d’environ  loo mètres au-dessus  
 du  niveau  de  la  mer.  De  là  on  pouvait  embrasser