V O Y A G E DE LA BONITE,
fleuve à la partie esl de la baie. Le sol des environs
est formé d’nn gneiss à grains très-fins, cpielquelois
scbistoïde, grisâtre et rougeâtre, disposé en strates
presque verticales, et dirigées de l’O. S. O. a l’E. N.E.,
â peu près dans le même sens que la côte. Ce gneiss
est très-grenalifère, comme celui de Rio-Janeiro, mais
il en diffère notablement par la petitesse des cristaux
agrégés qui le forment, et surtout par sa tendance a
se déliter parallèlement aux plans de stratification.
Des couches subordonnées de micacite viennent assez
fréquemment paraître à la surface du sol entre les
affleurements dn gneiss; mais elles n’ont pas rrne
aussi gr ande puissance que celui-ci. D’après la dispo-
sitioirdes lieux, il n’est pas possible de suivre cette
formation dans le sens perpendiculaire à sa direction,
pour pouvoir reconnaître quelle est la nature
des couches qui lui sont adossées.
Les monticules arrondis dont cette pointe esl
formée, s’aplanissent en pénétrant dans l’intérieur du
pays, oô la rocbe se montre rarement à nu. Une terre
rouge argileuse , contenant fréquemment des tubulures
de calcaire concrétionné , recouvre les tranches
des roches primordiales, et paraît acquérir quelquefois
une épaisseur assez grande. C’est dans une argile
analogue que, de l’autre côté du fleuve, dans
les Pampas des environs de Ruenos-Âyres, on a
ti'ouvé des squelettes de mastodontes et de mégathérium
et des carapaces d’un tatou d’une très-grande
espèce. Celles-ci ont été prises pour la dépouille fossile
des mégathérium; mais on est aujourd’hui revenu
de celte grave erreur. Des coquilles marines,
analogues à celles qui vivent dans les mer s voisines,
s’y rencontrent aussi, et leur examen pourrait fournir
des notions précises sur l’âge de ces dépôts, (pie
¡e crois devoir rapporter à l’étage diluvien.
Cette terre argileuse, qui forme le sol végétal des
environs de Montevideo, paraît peu favorable à la
grande végétation, car les arbr'es sont très-rares sur-
toute la côte orientale du fleuve.
Le savant géologue de l’expédition de l’Âdventure et
du Beagle, AI. Darwin, qui a remarqué sur le rivage
de nombreux indices du soulèvement de la côte, voit
dans le fait de l’absence de grands végétaux, une nouvelle
preuve à l ’appui de l’opinion qu’il exprime,
que les plaines qui s’étendent des deux côtés de la
Plata formaient, à une époque peu éloignée de nous,
un vaste bassin amené au-dessus de la surface des
eaux, par suite d’un soulèvement.
Le nrème auteur ajoute que les grands végétaux du
Rrésil n’ayant pu s’acclimater-, à cause des différences
des températures sur les rives de la Plata, et que la
distance qui sépare celles-ci de toute contrée boisée
étant trop grande pour que la migration des graines
ait pu avoir lieu, une végétation bei'bacée a été créée
pour peupler celte vaste contrée récemment soulevée.
Ces deux raisons seraient également applicables à
la côte occidentale c[ui, en supposant un soulèvement
probablement progressif, n’a dû s’élever au-dessus de
la surface des eaux du fleuve que longtemps après
la côte orientale, puisque celle-ci a des sommets