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 Les  collines  c[ui  s’élèvent  derrière  la  magnifique  
 vallée  de Marivèles  ont des formes  arrondies quoique  
 |Nassablement escarpées, et sont probablement formées  
 aussi  de  laves  pyroxéni(|ues  anciennes,  ainsi  que  la  
 montagne  de Sétonguiu qui domine ce système.  Cette  
 opinion  serait  confirmée  par  la  natui'e  des  galets  
 l oulés  par le  torrent qui en  descend  et qui  sont  tous  
 Ijasaltiques. 
 A  17  mètres  environ  au-dessus  du  niveau  de  la  
 mer,  on  voit saillir de  la terre  végétale  un banc  d’ar-  
 ragonite fibreuse rougeâtre que la disposition des lieux  
 empêche  de  suivre,  mais  où  ce  minéral  se  montre  
 mélangé  de  wacke friable passée à l’état  de marne qui  
 semble  quelquefois  avoir  été pétrie avec lui. 
 Plus  haut,  à environ  a5 mètres,  et  près  du  lit  des  
 torrents  qui  sillonnent  les  pentes  des  collines,  on  
 rencontre  de  gros  blocs  anguleux  d’une  arragonite  
 fibro-lamiuaire, zouée perpendiculairement aux fibres  
 de très-belles  teintes  rouges,  violettes et jaunes. Cette  
 matière pourrait  avantageusement  être  employée à  la  
 décoration intérieure des appartements. De nombreux  
 et beaux  échantillons  recueillis  pendant cette  courte  
 excursion figurent  au  muséum tant  dans la collection  
 géologique que dans  la galerie de minéralogie. 
 La  superposition  de  l’arragonite  sur  les  laves  ba-  
 sanitiques  donne  la  certitude  que  ces  laves  sont  
 anciennes,  mais  il  est  impossible  d’en  déduire  à  
 quelle  époque  ce minéral  s’est  formé.  Il  est  possible  
 qu’il  doive sou origine à  des  dépôts  de sédiment amenés  
 par des  eaux  acidulées;  mais  je  regarde  comme 
 plus probable,  que les  bancs discontinus  d’arragonite  
 sont  les lambeaux  d’un terrain  palæotbérien  disloqué  
 lors  du  cataclysme qui a mis  fin  à  la  période  pendant  
 la  durée  de  laquelle  il  a  été formé  et  qui  a  dénudé  
 les rocbes basaltiques en  faisant  disparaître les scories  
 et  les  matières  incohérentes  qui  les  recouvraient. 
 Un  voyageur  français,  qui  a  bien  vu  les  îles  Philippines, 
   a remarqué  dans  le  village  de  Marivèles  uu  
 fait  que  nos  observations  personnelles  tendraient  à  
 confii mer, et que je rapporte ici, parce qu’il n’est peut-  
 être  pas  aussi  étranger  à la  nature  géologique  du sol  
 qu’on  pourrait le  croire au  premier  abord. 
 «  C’est  au  pied  de  cette  montagne,  dit llenouard  
 de  .Sainte-Croix, que l’on peutvoiiTa  nature humaine  
 décrépite  presque à sou berceau.  Les indigènes  reçoivent  
 toutes  les  impressions  de  la  vie  de  si  bonne  
 heure,  qu’à  peine ont-ils  atteint  l’âge  de  la  jeunesse  
 qu’ils  ont toutes les  formes  de  la  caducité.  On  y voit  
 communément  des  filles  de  dix  à  onze  ans qui  sont  
 mères  et  d’autres  qui  ont  les  formes  très-fatiguées  à  
 dix-huit  ans.  Les  hommes  vieillissent  un  peu  moins  
 vite.  On  ne  peut  attribuer  celte  singularité  qu’à  la  
 nature  du  sol,  à  la vivacité  des  eaux  qui sortent  des  
 montagnes,  à  la  chaleur  journalière  du  climat  à  laquelle  
 succède  toujours  une  grande  fraîcheur.  Ces  
 habitants passent du  i3®au 33° degré du thermomètre  
 pour  retomber de nouveau à  i4°.  Il pleut presque tous  
 les  soirs  régulièrement  dans  ce  petit  coin  du  globe,  
 de  manière  que  les  sens  se trouvent  dans  un  travail  
 continuel qui  finit  par les  user  très-vite.  »