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 entre  les  parallèles  de  i 8°  et  19“  N .,  nous  ne  rencontrâmes  
 pas  les vents  alizés  régulièrement  établis;  
 quelquefois  ils passèrent au S. S. E.  forte brise, même  
 au S. S. O., et ils furent fréquemment interrompus par  
 des calmes et des grains accompagnés de  fortes pluies. 
 Du  24 octobre justju’au  27 novembre,  jour où nous  
 entrâmes  dans  la  mer  de  Chine  par  le  canal  au  N.  
 de  Luçon ,  les  conranis  eurent  pour  effet  de  nous  
 porter de  lieues au  S. et de  i35 à FO. 
 Les températures moyeuues  de  l’air varièrent entre  
 23°,o  et  27",I ,  le  maximum  ayant  été  de  3o°,9  et le  
 minimum  de  21 °,8.  Celles  de  la  mer  furent  entre  
 24°,5  el  27°,5,  le  maximum  ayant  été  de  28°,4 et le  
 minimum  de  23“,!.  Sur  742  observations  horaires  
 faites  dans  celle  période,  la  mer  fut  546  fois  plus  
 chaude et  177  fois plus  froide que l’air. 
 Entre les îles Mariannes elles Philippines, par  18“,5  
 de latitude N.  et  132° de longitude E., les calmes nous  
 permirent de  faire plusieurs  observations de température  
 de l’Océan à de gi-audes  profondeurs.  L’index des  
 minima  d’uu  tliermomètre  descendu  à  i,3oo  mètres  
 marquait 4",8, la température de la surface étant 26,°4-  
 A 970 mèlres la  tcmjjérature  était  de  5°,5. 
 Le  17  novembre,  nous  traversâmes  la  chaîne  des  
 îles Mariannes  entre  Origan  et  l’Assomption, et  nous  
 trouvâmes dans  ces parages  la température de l’Océan  
 sensiblement la même  qu’au  large. 
 L’ile de l’Assomptiou,  en vue  de  laquelle nous passâmes, 
   est  un  volcan  actuellement  brûlant  qui  a  la  
 forme  d’un  cône.  Quelques  auteurs  disent  qu’il  s’en 
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 exhale  une  odeur  sulfureuse  qui  se  fait  sentir  à  uu  
 demi-mille en mer,  mais nous n’en passâmes pas assez  
 près  pour pouvoir  constater  ce  fait. 
 La  constitution  des  iles  Mariannes  n’est que  bien  
 imparfaitement  connue;  il  paraît  cependant  certain  
 qu’elles  sont toutes  volcaniques. 
 Â Gnabam,  le  basalte est recouvert d’un  conglomérat  
 madréporique  analogue  à  celui  d’Honoloulou, et  
 qui  atteint  une  grande  hauteur  au-dessus  du  niveau  
 de la  mer.  Si un examen  éclairé  et approndi de la nature  
 de  ces  dépôts  avait été fait,  il  est  probable  que  
 Fou  serait  arrivé  à  la  conclusion  que  ces  produits  
 n’existent  pas  là  oû  ils  ont  vécu,  mais qu’ils  ont été  
 apportés  à  cette  hauteur  à  l’époque de  l’un  des  derniers  
 bouleversements  du  globe. 
 La chaîne  des îles Mariannes se prolonge vers  le N.  
 jusque vers les  côtes  du  .lapon ,  mais il  paraît certain  
 qu’elle  n’appartient  pas exclusivement à la  formation  
 basaltique, car d’anciens auteurs,  en parlant de Fîle de  
 Soufre,  disent que près d’elle  la  mer  est  couverte de  
 pierres  ponces  dont la presence  dénoterait 1 existence  
 de  laves  tracbytiques. 
 Après avoir doublé le cap Bojador, nous fîmes route  
 vers l’entrée de la baie  de Manille, et nous eûmes pour  
 nous y rendre des vents de N. E.,  la mousson  de celte  
 partie régnant alors. Du 28 novembre  au 4  décembre,  
 jour  oûnous entrâmes dans la baie,  les  courantsnous  
 portèrent de  3o lieues au N.  et  de  2  à  FE.  Ce résultat  
 est  singulier,  puisqu’il  signale  l’existence  d’un  courant  
 qui porte à contre-mousson.