Planche V-
%. 12.
une oye, il avoit le corps blanc, mais là tête, fa
queue, fon colier «Se le bout de fes aîles étoient du
plus beau noir.
Le 16 les vents fouillèrent du nord-eft, gros frais,
la mer très - mâle. Je tins bord fur bord fous les deux
baffes voiles, m’eftimant dans l’eft-quart-fud-eil de
la pointe de Langernes, diftance de 18 lieues.
Le 17 les vents toûjours au nord-eft, bon frais,
mais le tems clair, je prolongeai la bordée du nord-
oueft <5c nord - nord - oueft, & j’eus connoiffance à 7
heures du foir delà pointe de Langernes que je relevai
au nord-nord-oueft, diftance de 6 lieues. Comme il y
avoit apparence de mauvais tems, je mis à l’autre
bord de peur que les vents n’euffent paffé à l’eft: je
vis plulieurs bâtimens pêcheurs qui louvoyoient pour
fe relever. Dans Ja nuit les vents forcèrent, & la mer
devint affrçufe.
Le 18 le vent fut moins fort & la mer tomba, c’eft
ce qui arrive toûjours dans ces parages. Lamergrofîit
tout-à-coup, &, tombe auflî tout-à-coup avec le
vent. Je revirai le cap au nord-oueft pour aller chercher
la terre. Je parlai à plufieurs bâtimens Hollan-
dois, & à un Dunkerquois qui me dit qu’il n’y avoit
rien de nouveau dans la flotte- A 6 heures du foir, le
tems clair & ferain, je relevai la pointe du fud de Bur-
gerfiord au fud-eft, diftance eftimée 8 lieues. Je tirai
auffi la vûe d une montagne qui eft derrière cette
pointe, une des plus hautes de la partie orientale.
Voye£ planche V ,fig. 12. Il eft à remarquer que, quoique
les terres d’Iflande foient très - hautes, il faut
louvent en être fort près pour les voir, parce que leur
fommet toûjours couvert de neige eft auffi très-fou-
vent embrumé, comme je crois l’avoir déjà fait obfer-
ver. Je fondai en prenant le relèvement ci-deffus, &
je trouvai ioj brades d’eau fond de vafe. J’obfervai
le même jour avec précifion la déclinaifon de l’aiguille
aimantée que je trouvai de 29 degrés. J’étois
à vûe de terre par 6? degrés de latitude.
Le 19 , le 20, le 2 1 , les vents .variables, tantôt
foibles & tantôt violens, je courus à différens airs de
vent pour examiner le giffement des côtes, & cher -
cher les bâtimens de pêche françois qui font ordinâi-
nairement très - difperfés.
Le 22 à 3 heures du matin,le vent à l’eft, le ciel
ferain, je portai au nord jufques par la latitude de dp
degrés. Je m’appliquai alors ces vers de Virgile.
„ Hic vertex nobis Temper fubiimis; at ilium
„ Sub pedibus itix atra videt, manéfqùe profundi
„ Maximus hic fiexû finuofo elabitur anguis
„ Circum, perque duas in niorem. fluminis ardtos,
„ Ardtos, oceani metuentes æqüore tin'gï. Lié. I. Georg.
La brume s’ôtant épaiffiè & les vents ayant pâlie-
au fud-eft, je pris la bordée du fud-fud-ouéft,de peur
de m’engager dans les glaces par la brume &c par les
courans. Vers les dix heures du foir, le vent devint
furieux & la mer terrible, je portai cependant les
deux baffes voiles pour me fëfitenir'. Dàns la nuit,-
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Variation,