prifes dans le Nord. Ils attaquèrent même un gros.
vaiffeau de guerre commandé par le vice-amiral An-
thonifen, mais qui n’étoit pas alors fur fon vaillèau.
En l’abfence du vice-amiral, le commandant fe
voyant defemparé, la moitié de fon équipage hors
de combat,& les ennemis déjà dans fon bord,mit le
feu aux foudres , & fauta en l’air .en endomageant
beaucoup les Dunkerquois. On fortifia la ville par de
nouveaux ouvrages, & l’on continua heureufement,
la courfe. En i>9J , un feul armateur amena dans le
portde Dunkerque .jufqu’à trente maîtres de bufTes,
& d’autres navires., qu’il s’étoit .contenté de rançonner
pour plus'.de .200000 livres, .fomme.prodigieulè
pour ce fiecle ; un autre armateur, Daniel de Kofier,
revenant à Dunkerque, après avoir rançonné plufieurs
bàtimens, fut entouré par la flotte hollandoifë; il fè
battit en défefpéré,& mit plufieurs navires hollandois
hors de combat; enfin preffé de toute part, il mit le
feu à la Sainte-Barbe, & fauta avec d’autres navires
qui l’avoienc abordé.
Le cardinal archiduc Albert d’Autriche, qui avoit
remplacé le duc de Parme, voulant fignaler fbn avènement
au gouvernement des Pays-Bas, mit en 1596 le
fiege devant Calais qu’il emporta en peu de tems ; cette
acquifition fut un, avantage pour la courfè. Les Hollandais
intéreffés à Fempêcher, mirent quatorze gros
vaiffeaux à l’ancre devant Dunkerque, & neuf autres
;tenoient la mer pour intercepter les navires qui vouloient
loient y entrer. Calais fut rendu aux François par
le traité-conclu en 1 £98 entre la France & l’Efpa-
gne; malgré l’efcadre hollandoifë, les prifes arri-
voient .toujours heureufement, & l’on fè battoit avec
d’autant plus de courage, que,les prifonmers qu’on fe
faifoit.de part & d’autre étoient pendus.
En 1609, il fe fit une treve pour douze ans entre
les Efpagnols & les Hollandois. A fon expiration les
Armateurs joints à neuf vaiffeaux efpagnols ruinèrent
le commerce des Hollandais.
En 1622, on -conftruifit la citadelle deMardick
pour mettre Dunkerque à couvert des infultes des
ennemis. Dans cette année Jean Jacobfen de Dunkerque,
capitaine de navire commandant le S. Vincent
d’environ cent cinquante hommes d’équipage,
étant forti du port d’Oftendeavec deux autresbâtimens
-de guerre commandés par deux Efpagnols ; neuf vaiffeaux
de guerre hollandois, environ quatre heures
après fa fortie, environnèrent & canonnerent le S.
Vincent. Ses deux camarades fe làuverent. Jacobfen
foutint feul le combat pendant treize heu res, coula
deux des vaiffeaux ennem is à fond, & endommagea
■ beaucoup les antres* mais réduit à trois -ou quatre
hommes de fon bord, le refte ayant été tué ou bleffé,
.& cinquante des ennemis s’étant jettés dans fon navire,
il mit le feu aux poudres, & fauta avec eux ; le
fracas fut fi terrible, qu’un des navires hollandois fut
démâté, & qu’un autre manqua de coulera fondpar le
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