qui ne reffemblent point aux ours des autres pays,
ils ont plus de fouplefle & de légèreté. On n’y voit
d’autres oiféaux terreftres que celui que les Illan-
dois nomment riper, qui fe niche dans les plus
hauts rochers ; mais il y a , comme en Mande, beaucoup
d’oifeaux aquatiques. Les rivières font pleines
dé truites & d e faumons, & l’on pêche fur les côtes
beaucoup de poiffons & de baleines.
Lés Groënlandois font petits de taille, gros & gras.
Ils ont tous des.cheveux noirs, & 'le vifage rouge &
brun; ils font fujets aux rhumes de cerveau, aufcor-
but,aux maux des yeux & aux maladies de poitrine.’
Ils ne connoilTent ni médecins, ni chirurgiens; ils
ont des prêtres qui leur tiennent lieu de devins, de
philofophes & de médecins, pour lefquels ils ont
beaucoup de refpect, & qu’ils interrogent fouvent.
La langue des Groënlandois a beaucoup de rapport
avec celle des_.Elquimaux, qui habitent dans l Amérique
feptentrionale. Leurs habits font faits de plumes
d’oifeaiix, de peaux de rennes & de loups marins
coufus avec des boyaux. Les Groënlandois ont des
cabanes pour l’hiver & des tentes pour l’été'; leurs
cabanes font comme celles des pauvres lflandois ; les
tentes pour l’été font faites de peaux de loups marins.
Les Groënlandois ne font qu’un repas; c’efl le
foir. Ils fe nourriffent delievres, de chevreuils, de
chiens marins, de différons oifeaux & de poiffons ; ils
ne boivent que de l’eau. Il ne faut chercher ni arts,
ni
ni fciences chez les Groënlandois ; leur commerce con-
fifie en lard, en barbes de baleines,en cornes de licornes,
eu peaux de chevreuil de rennes, de chiens marins &
de renards. Ils achètent en échange des meubles, des
toiles, & autres chofes néceffaires. Ces peuples ont une
efpece de religion, ils reconnoiffent une Etrefuprêrae.
Ils croient que les âmes des morts montent au ciel, &
y vont à la chafle,& que les corps refient pourir en
terre. Les femmes font enterrées vivantes, lorfqu’on
voit qu’elles ne fautaient vivre long-terne.
Voilà ce qu’il y a de plus intéreiTant de l’hiiloire,
& des moeurs des Groënlandois, il me refte à parler
de la conftruéüon de leurs bateaux de pêche & de
leur façon de pêcher ou de naviger. La chaffe & la
pêche font toute l’occupation des Groënlandois. Us
pêchent dans les lacs, les rivières & les ruiffeaux;
mais la principale pêche fe fait en mer, où ils prennent
des baleines, des licornes, des chiens marins,
des morues & autres poiffons qui abondent for leurs
côtes. Leurs hameçons étaient autrefois d’os, mais
ils en ont aujourd’hui de fer que les Danois leur apportent.
Leurs filets font faits avec de petites lames
minces de barbes ;de baleines, & ils font des éper-
viers avec des nerfs de daims tricotés. Le harpon,
dont ils fè fervent pour percer les baleines, efl garni
-d’une pointe d’os crochue, ou d’une pierre pointue.
Quelques-uns ont auffi des harpons de fer, qu’ils
achètent des Danois pour de l’huile ou de la graille.
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