28 R E L A T I O N D’U N V O Y A G E
faut feulement avoir attention de bien veiller les ha*'
niers, d’en avoir toujours les drilles & les cargues en
main, quand on entre avec des vents traverfiers ; car
il vient des vents impétueux, & des tourbillons par
les gorges des montagnes qui peuvent faire démâter
& même périr un bâtiment. Il ne faut point non plus
ranger de trop près la côte, parce que, comme elle
eft très-élevée, on peut s’y. trouver en calme, & être
porté à terre par les courans. Toute la baie eft très-
faine ; il n’y a rien à craindre qu’un banc de fable,
marqué C fur mon plan, lequel banc fe prolonge
depuis la côte, de l’ouell julqu’à la moitié de la rade
vers la côte de l’eft ; mais il eft très - éloigné du bon
mouillage , comme on peut le voir par le plan : car,
dès qu’on a doublé la pointe de gravier .B, il faut venir
fur bas-bord pour mouiller dans l’anfe où l’on voit
troisancres. Le fond y eft de vafe forte ; on eftàportée
de faire de l’eau à la riviere D ; on eft à couvert des
vents lès plus fréquens & les plus forts en cette baie,
qui font ceux de la partie de l’eft, & je ferois d’avis
d’y affourcber nord-nord-oueft&fud-fud-eft. Les marées
& les courans n’y ont point de force, & les vents
du large ou de nord-nord-oueft n’y font point vio-
lens; car avant de parvenir dans le fond de la baie,
leur force eft détruite,& leurdireétionfouvent changée
par les différens -vents qui fortent des différentes
gorges des montagnes: j’ai même vu des bâtimenS’
dépêche venans du large par un coup de vent de