Caufe du vent
que le lever
du foleil fait
Maicre.
gravier à mefure qu’on approche ces iiles. Au contraire
lorfiju’on approche les côtes de Norvège , le
braffinage augmente fenfiblement,le fond fe détrem-
pe, le labié eft plus mêlé de vafe, & cette vafe eft
plus claire à mefure qu’on approche la terre de Norvège.
Ce canal eft noirimé par les marins le grand
Entonnoir, & ils nomment petit Entonnoir le paf-
fage entre les orcades & les ifles de Schettland au
nord, ou au fud delà petite ille Fairehil qui eft au
milieu.
Le premier juillet à trois heures du matin, ayant
gouverné à l’eft - nord - eft avec un vent de nord foible,
depuis la veille à midi, j’eus connoiffance de terre;
il faifoit un calme profond, & la nature étoit, pour
ainfi dire, éngourdie; mais le foleil en parodiant &
en-s’élevant fur l’horifon la ranima, & nous donna
du vent ; c’eft ce qu’on éprouve fouvent dans la zone
torride; en voici la raifon.
Pendant tout le jour le foleil par là chaleur détache
& fait partir de deffus les plaines, & fur-tout de
la fm-face de la mer, des particules aqueufes & des
bulles d’air raréfié qu’il éleve loin de la terre. Celles
qui partent les dernieres, retombent prefqu’auüitôt
par l’abfence du foleil, elles fe rapprochent dans leur
•chute,& forment cette première fraîcheur de la nuit
qu’on, nomme ferain ; mais toutes les autres bulles
qui, pendant la longue durée du jour, ont franchi
l’air greffier, & fe font mifes en équilibre avec les
dernieres- couches de cet air dans une région fupé-
rieure y demeurent fufpendues pendant le calme de la
nuit; aux approchés du foleil, les premiers traits de la
chaleur .venant à fe faire fentir dans l’air refroidi & referré
le dilatent néceffairemeut. Une maffe d’air dilatée
par le chaud en pouffe une autre qui trouve la rélff-
tance d’une troilieme : cette émotion de l’air devient
un vent, & l’atmofphere en eft plus ou moins ébanlé.
A huit heures, étant encore à trois lieues de la
cote, il vint à muir bord des pilotes norvégiens, qui
me dirent que j’étois beaucoup plus fud que la paffe
de Cruxfiord, mais qu’il y avoit une paffe à deux
lieues dans le nord de l’endroit où j’étois, & que li
je pouvois en louvoyant (le vent étoit nord) m’élever
de deux lieues, ils me mettroient dans un très-
bon mouillage en attendant le vent dé la partie du
fud pour monter à Bergues. Je commençai donc à
louvoyer, pour gagner auvent. A midi, j’obfervai
la latitude; & à quatre heures, il s’éleva un orage
dans la partie du nord-eft, qui détermina les pilotes
norvégiens à arriver pour aller chercher la paffe du
nord de M e de Bommel, par laquelle ils me menèrent
mouiller à Ingefon. Comme les mouillages à la
côte de Norvège,c’eft-à-dire dans les lits de Bergues,
font difficiles, & qu’ils demandent de-grandes précautions
, je vais détailler tout ce que j’ai fait pour
mouiller; il faut auparavant inftruire le lecteur des
obfervations que j’ai faites fur la côte.