de pareilles fables; mais tout ce que je viens dé dire-
eft dans le vrai. Nous avons tué pendant notre féjour
en Jflande beaucoup de ces animaux mâles & femelles,
& j’ai remarqué que le duvet que l’on arrache au
mâle qui a beaucoup de plumes blanches »eft bien plus
beau & plus fui que celui de la femelle.
Poifibns. La quantité de poiFons de toute eipece qui abonr-
dlnt fur. les côtes d’iflande eft prodigieulè. On en
pêche toute l’année p cependant le tems le plus convenable
eft depuis le mois de mars jufqu’au mois' de
feptembre. On y prend des harengs, des cabeliaux
ou morues, des égreffins, des hillebuts, des folles,,
des plies, des flaitans, des colins,, des maqueraux,.
des rayes, & c . Tous ces poiFons font aFez connus,,
mais nous en avons pris qui étaient d’üne grandeur-
extraordinaire; nous péchâmes un jour un flaitant
qui pefoit trois cens livres. Le poiFon le plus fingu-
lier de cette côte eft celui que- nous nommons loup-,
& que les Iflandois nomment Jîeen-bit,. c’eft - a-dire
mangeur de pierres, en effet,quand on l’ouvre, on le
trouve toujours plein de petites pierres ou- gravier :
il fe nourrit auFi de petites morues, auxquelles il fait
continuellement la guerre. Toutes les fois que le tems
le permet les’ Iflandois vont à la pêche dans les baies,
©u même à une ou deux lieues en mer ; ils s’embarquent
dans des elquifslégers,nommésyolles. Le poifi
fon le plus commun & qui fait la grande richeFe des:
kibitans eft le cabeliau, ou la grande morue que cesmfulaires
nomment forfch, c’eft leur principale denrée
marchande; ils en tirent leur fubfiftance en le
changeant contre les chofés dont ils ont befoin. C eft
ce même poiFon que les François & les Hollandois
vont pêcher fur les côtes d’iflande, depuis le mois de
mars jufqu’au mois de feptembre. Les bâtimens dont
ils fe fervent, & qu’ils appellent dogres, font d’environ
cent tonneaux. La peche commence à la pointe
de Brederwick, & finit a la pointe de Langernels,
en remontant par le cap de Nord & par l’ifle Grims.
On pêche à l’hameçon, qu’on garnit d’nn morceau
de viande crue ou du coeur d’un poiFon pris récemment.
La pêche des dogres françois ou hollandois fe
fait ordinairement à quatre ou fix lieues en mer, à
quarante ou cinquante braFes de profondeur. Plufieurs
bâtimens vont même quelquefois à quinze lieues au
large pêcher par cent braFes d’eau. A mefure qu’on
prend de la morue, on la décolle, on la lave bien,
on l’habille, on la met en des tonnes avec du fiel de
mine ou de Lisbonne. Voilà comme fe fait cette
pêche qui occupe tous les ans quatre-vingt bâtimens
françois, & plus de deux cens hollandois. La morue
ainfi préparée eft délicate & blanche, le fiel de mine
contribue à lui conferver la blancheur, parce qu’il ne
dépofe point fur le poiFon une vafe noire, comme
fait le fiel de France. On eft furpris, vu la quantité
prodigieufe de morue qu’on prend tous les ans fur le
grand banc,dans le Nord,&?c. que la mer n’en foit