pillée j quantité de bourgeois y furent maiTacrés. Ber-
gues fubit le même fort; le pillage fait dans ces villes
& aux environs étoit li prodigieux, que dans le
camp des François on y donnoit une vache pour deux
ou trois fols. L ’on y vendit trente-huit bêtes à cornes
pour un écu d’or. On avoit même brifé les cloches
pour en emporter les morceaux ; les ennemis de
la France ayant raflemblé une armée dans les environs
de Saint-Omer pour venir attaquer les François,
le maréchal de Termes .voulant le retirer, fit mettre
le feu dans plufieurs endroits de la ville, pour achever
de détruire ce qui avoit échappé à la rage de lès
foldats; 1 eglilè, les couvents & prelque toute la ville
furent confumés par les flammes, ainfi que plufieurs
navires chargés du butin que les vents contraires
avoient retenus dans le port. Après ces horreurs,
il fe mit en marche pour réjoindre le .gros, de fon
armée, mais le comte d’Egmont, général des Efpa-
gnols lùrvint avec quinze mille hommes de troupes,
& quantité de payfans qui taillèrent en pièces le
maréchal de Termes, & le firent même prifonnier
2ivcc les principaux de Ibn armée.
En i J 83, la ville de Dunkerque fut prife par les
confédérés, & reprife la même année par le duc de
Parme, qui fit réparer confidérablement le port, & y
fit conftruire plufieurs vaifleaux de guerre, entr’autres
quatorze commandés par le vice-amiral de Wacken,
'‘fui fit beaucoup de prifes fur les Hollandois; l’année
fuivante, les armateurs foutenus de ces vaifleaux firent
aufli quantité deprifès qu’ils faifoient entrer dans
le port, quoiqu’il fût bloqué par une efeadre hollan-
doilè. Charles Dau were & fon fils Jean étoient les chefs
de ces flottes d’armateurs ; ils étoient tous deux intrépides
& très-habiles dans la manoeuvre, ce qui fit retirer
l’efcadre des'Hollandois qui coutoit beaucoup fans
donner aucun profit. Ce fut vers ce tems qu’arriva
dans la Manche l’armée navale (a) des Efpagnols,.
nommée l’Invincible, qu’une tempête difperfa; plufieurs
navires périrent en mer, d’autres fè perdirent
fur les côtes de France & d’Angleterre, & les trilles
débris de cette flotte furent conduits heureufement
en Elpagne par l’habileté du capitaine Michel Jacobs,
Dunkerquois, excellent marin ; cependant lesDupker-
quois ne cefloient d’armer en courfe, & de faire des
prifes très confidèrables fur les Hollandois & les Zé-
landois. Ces richefles attirèrent à Dunkerque un grand
nombre de matelots étrangers ; les Hollandois en redoublèrent
d’ardeur pour bloquer le port de Dunkerque
en y envoyant jufqu’à cent bàtimens, ce qui n’empêcha
pas les corfaires de fortir à la faveur de la nuit
ou de la légèreté de leurs bàtimens ,& d’aller faire des
(a) Cette armée navale étoit compofée de cent cinquante gros vaifleaux,
fcns compter les petits bàtimens. Elle étoiedeftinée à conquérir ^Angleterre.
Elle étoit commandée par le duc de Médina Sidonia. La reine d’Angleterre
engagea les pierreries de fa couronne,pour l’armement d’une flotte fous
les ordres de l’amiral Iiouvard & du fameux François Drac eu 25$$,