T o n n e r r e .
Ferns fo le t s .
164. R E L A T I O N D’ UN V O Y A G E '
blées; c’eft. ainfi que l’impulfion du foleil fur cette
fubftance produit le double bienfait de la lumière &
de la chaleur. C’eft ainfi que le frottement d’un globe
de verre en réunit une certaine quantité qui, ménagée
& dirigée avec ordre, produit les différons phénomènes
de l'électricité. C’eft ainfi que le choc
prompt & violent de deux corps durs donne desétincelles
, & que le long frottement de deux corps"
qudeonques excite & fait naître du feu élémentaire
en aflfez grande quantité pour qu’il embraie
& confirme toute matière combuffible expofée à
fon aétivité.
Lorfqu’une grande quantité de particules de féu eft
accumulée dans des nuages condenfés qui les compriment
&. les rapprochent, alors les particules de feu
venant k s’entrechoquer s’excitent, étincellent, s’allument,
& rompent avec, fracas la prifon qui les ref-
ferroit. C ’eft le trait de l’éclair, & la voix du tonnerre,,
& fi l’on voit l’éclair avant d’entendre le tonnerre,
c’eft que les vibrations qui partent de la matière ignée
ont plus de rapidité que les ondulations de l’air qui
nous apportent le fon.
Quand les nuages ont moins de denfité, qu’ils parcourent
plus légèrement & plus librement l’èfpace,
qu’ils ne renferment qu’une petite quantité de particules
de feu,alorsii ellesferéunifient & fe choquent,
elles s’allument fans bruit j elles produisent ces éclairs-
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filentieux, & ces feux follets qui brillent un inftant
comme des étoiles (a ), & rendent les foirées d’été
fi agréables & fi éclatantes. Lorfque ratmofphere n’eft Aurore be-
point trop chargée .de nuages, & qu’dis n’ont que
la denfité néceffaire pour foutenir & promener les particules
de feu dans leur fphere mutuelle d’attraction,
fans les retenir, fans les accumuler & fans les comprimer,
alors il n’y a point d’explofion.; mais les particules
du feu s’enflamment dans l’âir libre, & félon les
différentes figures, la différente confiftance de la matière
inflammable, & les diverfes réfractions de la lumière
on voit fous diverfes couleurs les globes, les pyramides ,
les rayons,les gerbes,& les colonnes de feu que l’on-
nomme aurore boreale ou lumière fèptentrionale. L ’identité
de la matière des éclairs & de celle de l’éleftricité
qu’on a découvert depuis peu, & dont les effets refpectifs
font bien différens, autorité beaucoup cette hypotèfe Ç
que la lumière du foleil3 les éclairs, les phénomènes
électriques, les opérations du feu commun, ne font
que différens effets caufés par la même fubftance
différemment agitée, difpofée, modifiée & circonftan-
ciée. Ces aurores boréales font d’une grande reffource-
pour les habitans.de^ régions polaires.. 11 femble que:
(*) Sépe etiam ftellas coelo impendénte videbis
Précipités coelo labi. noftifque per umbras
Hauimarum ’ongos à tergo albefeere traitas.
Fïrgi Ciorg lit. IiV . 3631
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