heures du matin ,& jugeant par le chemin que j’avois
fait que je les avois dépalTées, (car j’avois toujours
couru à l’eft quart-fud- eft), je fis gouverner au fud-
eft quart - d’effc pour aller à Bergues. Je crois que
dans le trajet des illes deFerro à celles de Schettland
les courans m’ont porté nord. Je dois aulïï oblèrver
que j’ai eu dans ce trajet deux flots contre un ju-
fànt.
Le 29 , les vents toujours de la partie du ncrd-
oueft très-grand frais, la mer très - greffe, avec une
Brume épaiffe. Je ne voulus point par un pareil tems
aller attaquer les côtes épineufes dé Norvège. Je
tins fous les deux baffes'- voilés, & je m’occupai à
fonder en attendant un tems plus favorable.
Le 30 à cinq heures du matin, le tems s’étant
éclairci & le vent étant moins fort, je mis le cap à
l'eft-fud-eft les vents au nord,pour aller chercher la
terre; mais ayant obfërvé à midi J9 degrés 12 minutes
de latitude, je vis que j’étois trop fud pour entrer
par la paffe de Cruxfiord, 'qui eft la1 moins longue
& la plus fréquentée ; je tins le vent, il étoit
nord, & je gouvernai à l’èft-nord-eft. Comme j’étois
par la hauteur 18 minutes plus fud que par monefti-
æie, je cherchai la caufe de cette différence dans là
pofition des ifles & des côtes dans là mer dü Nord-,
qui, par leur gifiement, ordonnent la marche des.
courans de la maniéré fuivante. Pendant le flot , là
mer vient du ouell - fud - oueft frapper les illes. de,
Schettland, & changeant de direction dans le jufant,,
reflue au fud - fud - eft en variant • fon cours félon
le giffement des côtes jufqu’aü pas de Calais ; mais
ces eaux y rencontrant un nouveau flot, retournent
& le portent fur les côtes de Juttland, qui les réfléchit
& lés renvoie an cap Derneus, d’où elles prennent
leur cours, leur direction & leur mouvement au
Nord,-félon; le giffement des terres de Norvège. Voilà
,. fui-vant mon opinion, la caufe du courant qui
porte toujours au fud fur les côtes de Schettland &
du courant, qui porte toujours au nord fur les côtes
de Norvège: ce mouvement général des eaux n’empêche
pas le mouvement particulier & du flux & du
reflux en chaque endroit. C’eft ici le lieu de placer
les remarques que j’ai faites, pour lavoir avec certitude,
par le moyen de la fonde, fi l’on approche les
ifles de Schettland ou les côtes de Norvège, ce qui
eft très-intéreffant pour les bâtiméns qui croifent &
qui naviguent en ces: mers où il régné des brumes
prefque continuelles.. :
Lorfqu’on eft dans le milieu du canal, entre les
ifles de Schettland & la côte de Norvège, ou qu’on
n’en .eft guèress écarté,. on trouve foixante-cinq, foi»-
xante-dix ou foixante - quinze'brades d’eau fond de
fable net & fin. Lorfqu’on approcheles illes de Schettland.,
le braiïmàge ne diminue pas, il augmente même
en certains endroits ; mais le fond change, le fable
devient plus gros ,, .plus noir, & il. eft plus mêlé-dés
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