Comme ces pauvres gens ont peu de bois & de fer*
ils ont la précaution d’attacher au milieu de chaque
harpon qu’ils jettent, une veille de chien de. mer pleine-
d’air, afin que' fi le harpon n’atteint pas le poiffon
ou qu’il s’en détache, il püiffe flotter fur l’eau & ne
foit point perdu. Ils attachent aufli au bout des harpons
des vefîies ou balons pour empêcher le poiffon:
qui eft percé de plonger : cette rufe étoit connue des;
pêcheurs de l’océan atlantique, car Opien, dans fon
Halieuticon, en fait mention, liv. V. v. 177- » Us-
,, lâchent, dit - il, d’abord' après le poiffon qui fè .
plonge les gros facs fouillés "par les hommes avec
,, leur haleine & attachés à une corde ” . Les fleches:
dont les Groènlandois fe fervent, font également armées
d’os ou de pierres pointues, & ils s’exercent à
tirer l’arc dès leur plus tendre enfance. Les habitans
de l’ille nouvelle, où M. de Bougainville vient d’aborder
dernièrement dans la mer du fud, n’ayant
point de fer, fo fervent aufli d’os pour garnir leurs
fléchés, d’écailles ou coquillages pour faire ides couteaux,
& de pierres tranchantes pour couper des, arbres;
ces exemples prouvent que la nécefllté eft la
mere de l’induftrie,& que cette induftrie eft par-tout
la même. Les canots ou bateaux dans Iefqnels s’embarquent
les Groènlandois pour la pêche,: font faits
de quelques perches: de bois, liées par des traver-
fes attachées de diftance en diftance avec des 1 aimes
minces de.barbes de baleiues. Ils font garnis*
D A N S L A MER DU N O R D . 179
doublés, ou revêtus de peaux de chiens marins, bien
coufues avec des nerfs au-lieu de fil, & les coutures
font; bien graiffées pour que l’eau ne pénétré point.
Ces canots font de différentes grandeurs. Il y en a
qui peuvent porter vingt perfonnes, armes & bagages
, & uné bonne quantité de poiffon ou de graiffe
de baleiné. Ces canots ont une voile faite de boyaux
de baleine fendus,féchés & coufiis les uns à côté des
autres. Les hiftoriens nous apprennent que cette façon
de naviguer étoit commune à tous les peuples
qu’on a découverts. Scheffer en cite plulieurs preuves
dans fon ouvrage De miUtiânavali vet'erum. On
peut aufli confulter le Mufoeum reg. Danicum, & les
auteurs que M. Hafoeus rapporte, dans fa differtation
De Leviathan J o li. J’ai dit que les Groènlandois na-
voient ni arts ni fciences. En effet ils ne fa vent compter
que jufqu’à vingt-un. Ils fupputent par les lunes.
C’eft par le cours de cette planete qu’ils calculent le retour
des baleines & autres poiffons fur leur côte.
Le j J de juin, j’appareillai de Patrixfiord pour aller
en Norvège., c’eft dans cette traverfée que je
fondai , & que je fis fur les ifles de Schettland & les
Orcades, les diverfes obfervations dont fai fait part
au leéteur. Je paffai au fud de fille Fairehil, dans le
petit entonnoir, & je dirigeai enfuite ma route vers
les côtes de Norvège.
L e premier juillet au matin j’eus çongçjJTaiiçe d v Attérage e&
Z a NorVi,eft