\ 'Moutons.
ont l’inflinft de rompre la glace avec les pieds pour
-trouver de la nourriture. Les chevaux de felle relient
tout l’hiver à l’écurie; mais quand un habitant veut
des chevaux pour le travail, il envoie dans les montagnes
des valets qui les raffemblent, & les prennent
avec des 'cordes. Les chevaux qu’on retire des montagnes
à cinq ans, deviennent ordinairement les plus
beaux & les plus vigoureux du pays.
Les Ulandois élevent beaucoup de moutons. Chaque
ferme ou métairie a fon troupeau; il y a des fermiers
qui ont jufqu’à cinq bergeries. On lailfe en certains
cantons errçr les moutons toute l’année, même
l’hiver, dans les montagnes. On a feulement foin,
quand la mauvaife faifon commence, de retirer dans
les bergeries les agneaux qui ri’ont pas un an, car ils
ne pourroient fupporter le froid comme les vieux
moutons qui font mieux fourrés. Ces animaux font
obligés de faire'une ouverture dans la neige pour
trouver de l’herbe-: c’efl un bien.très-cafuel pour les
habitans, ces pauvres gens perdent fouvent dans un
mitant le fruit de leurs peines. Lorfqu’il tombe beaucoup
de neige & que le vent efl violent, des troupeaux
entfers, forcés de céder à fon impulfion, fe
trouvent fur les bords de la mer, & font enfuite enlevés
par un fécond orage. M. Horrebows en a vu.,
dit-il, qui, par la force du vent, avoient été tranf-
. portés à quatre lieues en mer. Il arrive fouvent que
lorfque les moutons font dans les champs çn hiver
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îèrfqu’il tombe de la neige, & qu’il gelé, ils fe ra-
maflent' en pelotons, alcfrs leur roifon elle - même fe
gele, de maniéré qu’ils ne peuvent' plus fè dégager,.
& qu’ils ont au-deffus d’eux plus de vingt pieds de
neige. Ils relient dans cet état jufqu’â ce que le tems
permette de les chercher & de les fauver. Quelquefois
on lés retire fains & fàufs, mais quelquefois aufll
ils font étouffés par le poids de la neige, ou étranglés
par les renards qui leur font une guerre cruelle.
On lit dans M. Anderfon une particularité qui paroît'
fabuleufè;. Il raconte-que lorfque les moutons font
obligés dé refter quelques jours dans la neige , la-:
faim les force à fe manger la laine, & qu’ils fubfiftent
ainfi jufqu’à ce qu’on vienne les fecourir. Ce fait m’a
été certifié dans le pays ; on m’a de plus ajouté, que
lorfque le propriétaire s’en apperçoit, il tue les moutons
poffédés dé cette manie-trop nuifible aux autres,
parce qu’elle détruit leur vêtement , qui efl leur unique
défenfè contre le froid. La laine des moutons efl très-
belle , mais elle efl de différente qualité, félon les dif-
férens quartiers de l’iflè, qui efl d’une grande étendue.
L ’Iflande a beaucoup de boeufs & de vaches. Ces
animaux font de petite taille. Les boeufs ont un goût
fauvage; les vaches donnent beaucoup de lait {a) ,
M Les Iflândois,au défaut de foin, nourrüTentleurs bejiauxavecdes
arrêtes de poiflon bouillies.
Boeufs &
vaches.