En i <5f 8, le maréchal de Turenne invefiit Duiîker-
que, leRoi le joignit avec une puiflànte armée. Les Efpa-
. gnols fous la conduite de Dom Juan d’Autriche & du
prince de Condé, tentèrent dejetter dufecoursdansla
place,, mais ils perdirent la bataille des Dunes, & le
marquis deLede gouverneur de la ville, étant mort dès
bleflures qu’il avoit reçus, la garnifon capitula le z f juin
après fix fèmaines de fiege. Le lendemain la garnifon
efpagnole fortit,leRoi yentralemêmejouraumatin,
& remit après midi cette place aux Anglois, aux conditions
de laifier jouir cette ville de tous Tes privilèges,;
ainfi dans moins d’un jour elle fe vit fuccefîivement
fous la domination de trois couronnes. Lès Armateurs
de Dunkerque & d’Oftende aVoient pris pendant la
guerre plus de deux mille cinq cens vaifTeaux. Les
Anglois firent confiruire une forte citadelle à la place
du Fort L é o n ,& fortifièrent beaucoup la ville qui fut
vendue aux François en 1662, pour une fomme de
cinq millions par la négociation du Comte d’Eftrades.
Le Roi y fit fon entrée le 2 décembre, y maintint les
privilèges, & accorda une franchife pour tout ce qui
entroit dans ce port ou en fortoit. En 1 66f , on travailla
à de nouvelles fortifications de même qu’à la
citadelle. En 1680, on jetta les fondemens du fort
Risban, du fort Verd de celui de Bonne-efpérance
au bout des jettées,qui furent perfectionnées & prolongées
très-avant dans lamer. Le Roi y vintfouvent
voir les travaux qui durèrent dix à. onze ans. Le
baffin fut confirait en 1686.
En 1688, la France foutint la guerre contre lès
Kollandois, les Anglois & lés Efpagnols, pendant
laquelle les Dunkerquois armèrent confidérablement.
En 1 f 89, M. Bart chargé d’efeorter une flotte de
quatorze vaifleaux- marchands pour aller au Havre,
montoit une frégate de vingt-huit canons, & M. For-
binfousfes ordres une de feize, ils rencontrèrent deux
vaifleaux anglois de quarante-huit & quarante-deux
canons qu ils combattirent aflez long-tems pour donner
le tems aux vaifleaux marchands de le rendre à;
leur defiination,mais blefles tous deux, & ayant per- •
du cent quarante hommes de leur équipage & leurs bâti-
mens rafés de l’avant à l’arriere, ils furent pris. La perte
des Anglois fut telle que lé commandement de leurs
vaifleaux tomba à un contre-maître, tous les officiers
ayant péri dans ce combat. Les deux capitaines François
s’évadèrent des prifons d’Angleterre quelque-
tems après. Le premier arma, & fit quantité deprifes
for les ennemis. Il détruifit totalement la pêche des '
Hollandais, & fit une defeente en Angleterre vers
Neufchâtel avec fept frégates,y brûla deux censmai-
fons, & ramena à Dunkerque pour cinq cens mille
livres de prifes. Quelques jours après, il fortit avec
trois frégates, croifa dans le Nord, où il s’empara
d une flotte hollandoifë efcortée par trois bâtimens
de guerre, combattit ces derniers, en prit un,& fit