peuplée que par environ douze cens familles laponnes}
je n’ai réuni dans ce récit les Samoïedes & les Lapons,
que pour défigner au j ufte la fituation du pays
qu’ils occupent. Je fuis d’ailleurs très-éloigné dè
croire comme plufieurs, que ces deux peuples ne font
qu’une même nation. La perfonne qui m’à inftruit de
ees particularités m’a bien affiiré le contraire, & m’a
même ajoûté que M. de Buffon s’eft trompé lorfqu’il
a dit dans Ion Hijloire Naturelle que les Lapons,les
Zembliens, les Borandiens; les Samoïedes, & tous
îès Tartares du Nord étoient des peuples qui defcen-
doient d’une même race. Sur quoi il m’a fait d’abord
remarquer que M. de Buffon parloit d’un peuple ima*
ginaire en parlant des Zembliens, puifqu’il eft très*
connu que ce pays que l’on- nomme nova - zembla1
n’avoit point d’habitans, & qu’on avoit certainement
pris pour des naturels du pays, les gens de l’équipage
de quelque bâtiment de pêche ruffien, d’autant plus
que lesRulfes qui y vont pêcher des vaches marines ,
©nt coutume de s’habiller à la maniéré des Samoïedes.
Voici encore une probabilité en faveur de cette opinion,
c’eft que lèsRufles quiypaflentfouvent l’hiver,,
n’ont jamais- trouvé le moindre veftige humain, &
qu’ils n’ont vu que des ours blancs, des renards blancs,
& desj rennes qui fe nourriflent de moufle & du poilfom
que la mer jette fur le rivage. Pour les Borandiens,
©n ignore même le; nom de ce peuple dans le Nord.1
O a m’| aulli rapporté que l’équipage d’un, bâtiment
DANS LA MER DU NORD': ri?
qui y avoit voulu hiverner il y a quelques années avoit
péri entièrement. Les vingt - quatre hommes qui com-
pofoient cet équipage furent trouvés morts dans l’endroit.
qu’ils avoient choifi pour leur quartier d’hiver.
On a crû long-tems que c’étoit l’excès du froid qui
avoit fait périr ces gens-là ; mais il eft prouvé que ce
font des brouillards épais & mal fains occafionnés par
la putréfaétion des herbes, & des moufles du rivage de
Ta mer qui empoifonnent & donnent la mort. Ce qui1
confirme ce que je viens de dire, c’eft qu’une colonie
deMezene compofée de vingt perfonnes, qui
avoient établi leur'demeure dans un endroit' éloigné
de 20 lieues de celles des autres, eut beaucoup à-
fouffrir des mêmes brouillards. Perfonne cependant
ne mourut, mais tout le monde fut malade. La terrible
pefte, qui au milieu du quatorzième fiècle dépeupla
l’ifle d’Illande, n’étoit peut-être autre chofe-
que de pareils brouillards.
Quelques Hiftoriens racontent que l’on trouvoit
de l’argent dans quelques endroits de la nouvelle Zambie.
Cela n’eïl pas fans vmifeinblance, puilqu’il paffe
pour certain dans toute laRulfte que fous le régne de
l’impératrice Anne, on a trouvé dans une ifledéferte
de la mer blanclie plufieurs rochers incruftés de l’argent
le plus pur. On en envoya des barres à Pé-
tersbourg. On fe promit de grandes richeffes de cette
découverte, on creufa les rochers, & l’on s’apperçut
<ffie l’intérieur ne contenoit rien de ce métal pré-
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