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quelques-unes en donnent vingt pots par jour ; leur
lait eft admirable, c’eft la nourriture & la boiffondes
malades ; le petit lait eft la boiffon principale de ceux
qui fe portent bien, ils la nomment fyre. Elle devient
aigre en vieilliffant ; c’eft alors qu’ils la trouvent bonne
& faine: ils y mêlent même lou vent du jus d’ofeil-
le. quand elle eft trop fraîche.
Tout le gibier d’Iflande confifte en becaffes, be-
caflines & perdrix. La perdrix, que les inliilaires appellent
riper, eft blanche, elle eft plus greffe que les
nôtres, elle a les pattes couvertes d’un duvet comme
celles d’un lapin : les perdrix ont également les plu«
mes blanches dans la Laponie (a ), & font groffes
comme celles d’I flan de. Leslüandois les tuent à coup
de fufîl, ou les prennent dans les lacs. '
L’Iüande eft remplie d’un nombre infini d’oifeaux
de proie de toute efpece, comme aigles, vautours,
éperviers, fauçons, hiboux, corbeaux, & beaucoup
d’autres qui ont des noms particuliers, ou qui n’en
ont point. De tous les oifeaux, le fauçon eft celui
qui mérite le plus notre attention. On en trouve de
blancs, de gris-blancs & de gris. Il eft reconnu que
les fauçons d’Iflande font les meilleurs, ils font plus
gros & plus forts que ceux des autres pays, & peuvent
chaffer plus de douze ans. Le Roi de Dannemarck
en envoie chercher tous les ans. 11 paye cinquante
livres
f#) M. Linnsus, page 2C8.
livres de notre monnoie pour un fauçon g r is ,& quatre
vingt livres pour un blanc.
Il y a beaucoup d’oifeaux aquatiques, comme ci-
gnes, oies, canards, plongeons, £yV. mais le plus
remarquable & le plus lucratif pour les habitans eft
le canard qui donne l’edredon. Ce canard rapporte
un double profit aux Jflandois; il produit des oeufs
excellens qu’on peut lui faire renouveller jufqu’à trois
fois, & il fournit un précieux duvet.
Cet oifeau forme l’intérieur de fon nid avec le duvet
qu’il arrache de fon eftomach, enfuite il pond
trois ou quatre oeufs. L ’habitant à qui le nid appartient,
enleve le duvet & les oeufs; la femelle fè déplume
encore, refait fon nid, & pond d’autres oeufs
qu’on lui enleve de nouveau : alors le mâle fe déplume
à fon tour, refait le nid, & la femelle pond
des oeufs pour la troifieme fois; mais on les lui laiffe;
attendu que fi on les enlevoit trois fois, elle n’en
ferait plus & abandonnerait pour toujours ce canton
malheureux, ce qui feroit une perte confidérable ;
car les petits viennent l’année fuivante fe multiplier,
dans l’endroit où ils ont pris naiffance. On a dit à
M. Anderfon que les Iflandois mettaient un bâton
d’une demi-aune de long dans le nid des canards à
duvet, afin d’obliger la femelle à pondre une quantité
d’oeufs affez grande pour couvrir le haut du bâton,
au point de pouvoir s’affeoir deffus pour les
couver. Je fuis furpris que M. Anderfon ait publié '
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