24 R E L A T I O N D’UN V O Y A G E
qui reçoivent les rayons, enfin par l’interpofitiondes
•vapeurs, & d’une atmofphere épaiffe & profonde,
comme la brume qui nous intercepte èn partie fes
rayons. 11 faut auffi remarquer que l’obliquité de la
fphere fait que les rayons Polaires font interceptés
par une plus grande quantité d’air.
Il eft encore plufieurs autres caufes accidentelles,
comme le climat, les cirçonflançës.locales,. & la
fuppreffion d’un fouille central , où de vapeurs qui
s’élèvent continuellement du fein de. la ..terre. Plufieurs
Phyficiens., & nommément un célébré Académicien,
ont admis le feu central (d)i
D ’après cette petite differtation & l’examen des
circonftances, il e-ft facile de. concevoir que la mer
fe glace aux environs des pôles même à plufieurs
lieues du rivage (£) , & qu’on trouve à la-mer de gros
morceaux de: glace mais comment expliquer l’élévation
de ces pyramides, de ces illes, & de ces tours
flottantes qu’on découvre de fixou huit lieues? I l faut
que ces montagnes de glaces formées d’abord par
différens glaçons réunis » doivent leur élévation à des
neiges 5 & à* des pluies-glacées en tombant fur ces
glaces ; & je fuis porté à croire que parvenues à Une
certaine groffeur, elles augmentent toujours en maffe.
Un lavant Anglois qui écrivoit vers le milieu du fiede
paffé,
(a) M. Dortous de Mairan, p. 57,
(fi) Mémoires de Trévoux 1717, p. 1995. 'L- ' 1
D A N S L A M E R D U N O R D . 2?
paffé,, adoptait l'opinion des glaces perpétuelles, fur-
tout aux environs des pôles, & les faifoit monter fi
haut, qu’il en déduifoit la figure de la terre fenfible-
ment alongée fur fon axe (a): c’eft ainfi qu’il explique
l’apparence éliptique de l’ombre terreftre fur le
difque de la lune dans deux éclipfes, dont l’une fut
obfervée par Kepler, & l’autre par Tichô Brahé;mais
toutes ces raifons font défeâueufes. La mer ne fè
glace autour des pôles qu’à quinze ou vingt lieues de
terre, & les montagnes de glace que les navigateurs
y rencontrent, ne font pas plus d’effet fur le globe de
la terre que ne feroient cinq-ou fix grains de millet
répandus fur la furface d’un globe de quatre pieds de
diamètre.
Le 22, les vents au nord-ouefl gros frais, de la
brume, & la mer mâle; voyant, en un mot, toutes
les apparences d’un coup de vent, je pris le parti d’arriver
pour me mettre à l’abri dans la baie de Patrix-
fiord. A onze heures du matin, dans un inflant d’é-
clairci j’apperçus plufieurs bâtimens qui gagnoient
- différens ports pour le fauver du mauvais tems. Pour
moi, je préférais la baie de Patrixfiord, parce que
l’un des direéteurs de « Compagnie danoife y fait fà
réfidence, que c’eft de toute la côte la rade la plus
ffre , & qu’on peut dire en fe fervant de l’expreflion
de Virgile: Scdcs tutijjîtnu nuvi. J’entrai dans la baie iwicheàPatrixflord.
! (a) M. Cbildrey, hiiloire des CnguUriiés d’Eecüe.
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