rurgiens, ni habiles médecins, cependant après l’àgc
de cinquante ans ils en auroient grand befoin ; c’eft à
cet âge qu’ils commencent à être attaqués par les maladies
& les infirmités. On voit rarement dans cette
•iile un homme de quatre-vingt ans : les Ulandois pé-
riffent prefque tous par la poitrine, par le fcorbut&
par les obftructions. Ils appellent prefque toutes les
maladies qui les mènent au tombeau du nom générique
de landfarfak. Ils ont une maladie héréditaire qui
différé peu de lalepre,mais qui n’eft pas contagieufe.
On fera fans doute étonné que les Ulandois que j ’ai
peint fi vigoureux, deviennent infirmes dans un âge
fi peu avancé; mais il faut faire attention aux travaux
rudes qui les occupent continuellement, & à la
vie fédentaire qu’ils mènent. Ils n’ont point d’exercices
publics, ils ne connoiffent ni les jeux, ni les
danfes, ils efluyent nuit & jour kla pêche les injures
du tems, ou s’ils habitent l’intérieur de Fille, ils ne
fortent pas de chez eux fansfe mouiller les pieds dans
les vallées toujours humides par la quantité de ruif-
feaux & de torrens qui defcendent des montagnes
couvertes de neige & de glaces. Les Ulandois élevent
leurs enfans avec tous les foins poflibles, on ne les
fevre pas plutôt qu’en France, & M. Anderfon lè
trompe lorfqu’il prétend qu’ils ne tètent que huit ou
dix jours, mais (n’en déplaife à M. Horrebows) il dit
la vérité, quand il avance que lorfqu’on porte un enfant
à l’églife pour le baptifer, on lui met dans la
bouche un morceau de linge trempé dans du laite
je l’ai vu & je puis le certifier. Ce qui m’a paru le
plus fingulier dans la façon d’élever les enfans, c’eff
qu’on les met en culotte & en vefte au bout de deux
mois.
J’ai dit que la vie des Iflandbis étoit fobre & frugale,
le le&eur en pourra juger fur ce que je vais raconter
de leurs repas ; ils vivent ordinairement de
têtes de cabeliaux pendant l’é té , & de têtes de moutons
pendant 1 hiver : ils decolent la morue ou ca-
beliau pour la fécher.ou la faler, & les têtes fe con-
fomment dans le ménagé. Un ménage ordinaire fc
nourrit avec trois ou quatre têtes de morue bouillies
dans l’eau de mer. Il font cuire dans l’eau le poiffon,
la viande & tous leurs alimens. Les têtes de moutons
qu’ils mangent l’hiver font le fuperflu des falaifons
de ces animaux dont ils font commerce. Ils mettent
ces têtes dans une elpecede vinaigre pour les conformer.
Ce vinaigre fe à it avec du petit-lait, du jus d’o-
îèille, & autres herbes fortes. Tous leurs mets font
apprêtés fans fel & fans épiceries,le beurre eft le feul
ïngrédien ; mais le laitage eft la principale nourriture
des infulaires. Le pain eft très-rare en Mande; les
pauvres n’en connoiffent point l’ufage, & ne vivent
que de poiffon fec; ceux qui ont plus d’aifance mangent
du pain les jours de réjouiffance, comme noces,,
baptêmes, affemblées, £jrV. Ce pain leur eft apporté
de Copenhague. l i a la forme des galettes ou bifcuits
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Nourriture
des Iflaudois