19* R E L A T IO N D’UN V O Y A G E
defcriptiôn alTez ample: il dit que la plus grande pari
tie de ce pays étoit du tems de Céfâr couverte de
bois 5 & inondée dans d’autres endroits, & qu’il
n’y avoit que quelques digues ou chemins élevés au-
delïus des marais qui conduifoient aux ports de mer.
Celui Dick ou Diccium étoit le plus confidérable, &
s’appelloit le port ultérieur ou extérieur; la mer s’éten-
doit alors jufqu’à un bourg nommé Ciih'ièu, qui étoit le
port intérieur ou citérieur, d’où s’eft formè-Cithieu. Ce
bourg s’eft appellé enfuite S. Orner, du nom d’un
évêque de Thérouane qui y fit bâtir une églife &
plufieurs maiforis pour établir quelques pauvres de
foiî Diocèlè,& les faire vivre par le commerce de ce
port. Après fa mort les reliques de ce faint ayant été
tranfportées à Cithieu, on a donné fon nom à l’Églife'
& à la Ville qui fut bâtie dans la fuite.
Saint Viébicius, évêque de Rouen, fut le premier
qui vint prêcher fur les côtes de Dunkerque la Religion
chrétienne en 396. Les derniers Romains furent
ehaffés par Méroüe, qui fournit cette province à la
domination françoilè en pjo. S. Eloi vint y prêcher
la foi en 64.6, & y fie quelque féjour, ce qui attira grand
nombre de profélites; il y fit bâtir une églife aiTez grande
dans les Dunes, où quantité de pêcheurs & pauvres
gens étoient établis depuis long-tems. Cet endroit fut
bientôt fréquenté des Chrétiens des en virons;on donna
le nom de Dunkerque à cette églife 3 & à la ville qui le
forma par la fuite dans cet endroit. Le mot Kérke en
langue teutonne, d’où dérive'.la flamande, fignifle
temple ou églife. On appella ce lien d’un nom corn-
pofé de ces deux mots, Dune & Kerke,& par abréviation
on a dit Dunkerque.
Les Pays-Bas furent long-tems gouvernés par des
Foréftiers établis par des Rois de France. Baudouin eh
864., étoit Foreftier de Flandres ou des Pays-bas ; ayant
enlevé & époufé Judith fille de Charles le Chauve, qui
lui pardonna cet enlevement & ce mariage, il devint
le premier Comte de Flandres le Roi voulut bien en
fa faveur ériger ce pays en Comté fous l’hommage de
la France. Le nombre des habitans de Dunkerque
augmentant tous les jours par la commodité d’un port
naturel, Baudouin III. fit entourer ce lieu d’une muraille
en 906, pour mettre fes habitans à couvert des
incurfions des brigands. Ils s’attachèrent au commerce,
à la pêche, & travaillèrent à l’embelliflement & aux
commodités du port. Philippe d’Alface y fit conftruire
plufieurs vaifleaux de guerre pour pafler dans la terre
fàinte. En 1 1 7 0 , des pirates normands., la plupart
gentilshomm es, in terrompiran t -leur commerce. en
arrêtant leurs vaifleaux dans là Manche ; ils arrêtèrent
& même dépouillèrent laPrinceflede Portugal qui s’é-
toit embarquée pour venir époufer le Çomte Plulippes
en Flandres. Ce dernier.fit un gros armement à Dunkerque
qu’il envoya encourlè contre eux. Cette flotte
fut aflez heureufe pour les prendre tous.& les conduire
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