R E L A T I O N D’UN V O Y A G E
bitent les pauvres. La defcription du premier efc trop
magnifique ; la peinture du fécond ne s’éloigne pas
beaiicoup de la vérité. En entrant dans chaque mai-
fon, dit M. Horrebows, on trouve un corridor profond,
large de fix pieds, au-delïus duquel font des
folivaux dè travèrfe qui portent un toît. On pratique
dans ce corridor, de diftance en diftance, des ouvertures
rondes pour donner paffage à la lumière ; elles
font fermées par de petits c a r re au x de verre, & communément
par de petits cercles de tonneaux, fur
lefquels efl tendu un parchemin qui fe fait avec les
veffies des boeufs & des vaches ; ils appellent ce parchemin
hinne ; il efl fort tranlparent. A l’un des bouts
de ce corridor eft l’entrée commune de la maifon.
Devant cette entrée efl placée une chambre de quatorze
aunes de long (a) fur huit aunes de large, que
les lflandois appellent l’étuve ; cette piece lèrt ordinairement
de fille de travail : les femmes y préparent
la laine, y font les habits & les autres travaux du
ménage. Au bout de cette falle, il y a ordinairement
une . chambre à coucher pour le maître & la maîtreife.’
Les enfans & les fervantes couchent au-deffus. Il y
a encore ordinairement deux autres pièces de chaque
côté du corridor, l’une de ces pièces fert de cui-
fme, l’autre de garde-manger, la troifieme de laiterie,
la quatrième & la derniereà l’entrée du corridor
(ti) L’aune iflandoife a les trois cinquièmes de l’aune de France.
fert à faire coucher les domeftiques : cette piece eft
appellée chez eux la skctule. On pratique fur. le toit de
chaque chambre des ouvertures, comme fur le corridor,
pour introduire la clarté par le moyen de quelques
vitres ou de quelques chaflis de hinne ; mais la
falle du travail eft ordinairement éclairée de deux
fenêtres vitrées ; outre toutes ces pièces, la plupart
ont encore du côté de la skaule une chambre pour
recevoir les étrangers ; c’eft l’appartement de parade.
Près de ce corps de logis, ils ont une inaifonnette,
qu’ils appellent forge : c’eft-là qu’ils font tous leurs ouvrages.
Chaque habitant a de plus fon étable, fon
écurie & fa bergerie. Les lflandois ne ferrent pas le
foin dans des maifons, mais ils le placent fur un lieu
élevé entouré d’un foffé, & ils le mettent en tas fé-
parés de fix pieds de hauteur, & fix pieds de largeur.
Ils ménagent de petits intervalles entre les tas, qui font
couverts de gazons verds en pyramide pour que l’eau
s’écoule facilement,' & fe rende au foffé. Voilà la
defcription que M. Horrebows fait des maifons ordinaires
des lflandois, il boife enfuite les appartenons,
& les décore de glaces & de meubles. Les gens les
plus riches du pays ont en effet des maifons diftri-
buées comme celles que l’on vient de décrire; mais
on n’y voit ni glaces, ni boiferies, ni meubles de
parade. Les pièces, les chambres, les falles mêmes
pour recevoir les étrangers ont rarement un plancher.
Une table, quelques coffres ou armoires,& un poêle
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