3* R E L A T I O N I D ’UN V O Y A G E
» une greffe montagne, nommée Krafle, commença
,, à vomir avec un fracas épouventable de-la fumée,
» du feu j des cendres & des pierres. Speétacle horri-
», ble pour ceux qui demeuraient aux environs, & fur-
„ tout pour deux voyageurs qui paffoient au-deffous
„ de cette montagne ! mais il ne leur arriva point de
„ mal, parce qu’il n’y avôit point de vent, & que
„ les pierres enflammées que vomiffoit le volcan re-
3, tomboient perpendiculairement. 11 brûla deux ou
„ trois ans;& en 1728 le feu le communiqua à quel-
„ ques montagnes <le foufre, fituées près de ce vol-
3, can; elles brûlèrent pendant quelque-tems julqu’à
„ ce que les matières minérales qui s’étoient fondues
„ formaffent une riviere de feu qui coula de ces mon-
„ tagnes vers le fud. Alors les habitans établis fur le
„ bord du grand lac , appelle My-Varne, à trois lieues
„ de diftancede cette montagne, eurent peur de cette
„ riviere brûlante,qui s’approchoit de leur demeure,
„ Us enlevèrent la charpente de leur maifon pour al-
» 1er habiter ailleurs ; enfin elle continua à couler, &
„ à avancer, jufqu’aux métairies, & au lac dont nous
„ venons de parler. Là elle renverlà, brûla & confii-
„ ma une ferme appellée Reikchild, lès prairies, &
„ deux autres fermes appellées Groff&, Fragrenes qui
„ étaient fituées vers les rives les plus baffes du lac,
„ Cette riviere de feu fe jetta enfuitedans le lac My-
„ Vame, avec un bruit effroyable, en formant un
,, bouillonnement & un tourbillon écumant & hory,
rible ” , On peut juger des incendies &destremble-
mens de terre de flllande par cette defcription de
M. Horrebows, qui certainement n’aura rien dit de
trop ; car il paroît très-porté , comme danois, à pallier
les vices phyfiques d’une ifle dé Dannemarck,
mais il eft très-vrai de dire que fiflande eft fujette à
toutes fortes de cataftrophes. On voit tout-à-coup
des montagnes s’abaiffer & des lacs fe former, des
joekelen ou monts de glace fe fondre, s’enflammer,
& joindre la double horreur des naufrages & des em-
brafemens.
On trouve en plüfièurs-cantons d’Iflandè des four- Sources c&
ces d’eau chaudç.' MM. Horrebows & Anderlbn ‘JcSi
s accordent fur la defcription des effets finguliers de
plufieurs de ces lources j mais la plus curieulè de
toutes ces fontaines eff celle qui eft fituée près d’une
métairie, appellée Raycum, dans le diftriél d’Huze-
vig. On y voit trois-lources chaudes, éloignées l’une
de l’autre d’environ trente toifes; l’eau bouillonne
en chacune alternativement Ces trois fources font
dans un terrein plat ; deux d’entr’elles jettent à travers
des pierres leur eau, qui s’élève à dix-huit pouces:
de hauteur. La troifieme a une ouverture ronde, de
la grandeur d’une cuve de braffeurs,- & porte’ fes
eaux à la hauteur de dix pieds. Ce qu’il y a d’éton-
nant,. c’eft que ces trois fources ne jettent de l’eau
qu’alternativement, & après avoir bouillonné trois;
fois; cc qui fert d’avertiffement à ceux qui font près;