Moeurs
ïiîaudois.
conftruit en briques ; voilà tout ce qui décore lesmah«
fons que les plus riches habitent; les pauvres & les
pêcheurs n’ont qu’-une fimple cabane à moitié enfoncée
dans: la terre. Les beftiaux occupent le bas; les
maîtres,; les enfanS, les domeftiques couchent au-
deffus , & ne font féparés des animaux que par quelques
planches volantes. Au refte, toutes les habitations
font couvertes de gazon. Cependant dans les
villes, comme Holum & Skalholt -, les maifons des évêques
& des baillifs font confiantes en briques , en
pierres & en bois, & font couvertes de planches;
mais elles coûtent prodigieufement, car prefque tous
les matériaux font apportés de Copenhague. On appelle
villes un amas de quelques maifons très-vob-
fines.1 '
dcs Les Ifiandois n’ont point tous lès vices que leur
impute M. Anderfon, mais il s’en faut de beaucoup
qu’ils aient toutes les belles qualités que leur donne
M. Horrebows. Ils font bons, doux, humains, mais
parefleux, défians, ivrognes. Les fadeurs de la Compagnie
danoife, qui a dés magafins en différentes parties
dès côtes, donnent de l’eau-de-vvie en échange
de poilfons fecs, dè laine, & autres marchandifes
du pays, & ce commerce fournit aux habitans les
moyens de s’enivrer. Ils ne m’ont point paru braves;
on m’a dit cependant qu’il y avoit des Ifiandois dans
lès troupes du Roi de Dannemarck. Ils font bons
matelots fur. les côtes. Les Hollandois, qui vont à la
pêche en débauchent fouvent pour le fèrvice de leur
marine. Le Ifiandois font judicieux; ils aiment les
fciences & lès arts; ils jouent- beaucoup aux échecs,
ils ont pour ce jêu le goût le plus vif. J’ai trouvé en
Mande beaucoup d’habitans qui partaient latin : plu-
fieurs vont faire leurs études à Copenhague, & les
font avec fuccès. I l y a auflides colleges à.Skalholt
& à Holum, où les Ifiandois envoyent leurs enfans,
qui réufiifient' prefque tous dans les humanités.1
En l’année io o o , les Ifiandois étoient plongés dans
les ténèbres de l’idolâtrie. Us adoroient Jupiter fous
le nom de Thor, & Mercure fous le nom SOdin : ils ne
reconnoifloient que ces deux divinités. La- religion
catholique y fut établie quelque tems après;elle en a
été depuis bannie par Chriftian III. roi de Dannemarck
: ils font tous aujourd’hui luthériens de la con-
feflion d’Ausbourg. Cette doéirine ne s’eft point introduite
chez eux fans effufion de fang. Un évêque
catholique de la plus grande vertu, foutenu d’un parti
puiflant, voulut s’oppofer aux progrès de l’erreur ; il
rélifta long-tems, mais il fut viétime de fon zèle qui lui
coûta la vie..
Les Ifiandois commercent avec une compagnie de
Copenhague,.qui a le privilège exclufif de venir en
Mande, moyennant une fomme qu’elle paye au Roi
cette Compagnie, dont j’ai déjà parlé, établit dans
chaque port des fadeurs ou directeurs, qui ont des
magafins pleins de marchandifes qu’ils débitent pen-
H |
Religion.
Commerce.