fe fervent de' petits bateaux, qui peuvent porter fix
ou huit tonneaux. Us ont à terre de petits magafins
conftruits.en bois, où, après avoir ouvert les morues
& en avoir retiré la rogue,ils lafalenten pyramides,
& la tranlportent à Bergues lorfque la pêche elt finie
vers la fin d’Avril. Les négocians de Bergues achètent
enfuite cette rogue des pêcheurs & la font mettre
en tonnes. Cette pêche eft rarement confidérable
dans le bailliage ou gouvernement de Bergues, quoiqu’il
ait foixante - dix lieues d'étendue.; j&ac’eft beaucoup
quand on y prend quatre mille barils ou tonnes
de rogue : mais la grande pèche lè fait fur les côtes de*
Nordland,où les mers font plus poiffonneufes que partout
ailleurs. Les habitans de ces contrées feptentrio*
nales apportent à Bergues, le port de Norvège le plus
confidérable & le plus fréquenté par les étrangers-,
tout le produit de leur pêche, poiflon & rogue fur
des bateaux depuis cent jufqu’à deux cens tonneaux.
Les glaces & les tempêtes ne permettent pas à ces
bateaux de naviguer & d’arriver avant le mois de mai ,
ainfi il n’eft pas pofiible de fixer avant ce tems le prix
de la rogue. On trouve dans les magafins de Bergues,
au commencement de juin dans les années
communes, quinze ou feize mille tonnes de rogue,
& trente mille tonnes dans les années d’abondance.
Le prix du baril de rogue, dans les années communes,
eft de 3 à 4. rixdales ou 14, à 18 livres de notre
monnoie,& dans les bonnes années le baril fe donne
pour 2 rixdales ou 9 livres de France. On l’a même
vu donner pour une rixdale ou 4-liv. xofols ; mais en
1767 & 1768, le prix de la rogue étoit excelTif. Les
plus anciens ne l’avoient jamais vu porter fi haut. Le
prix de la tonne étoit de y à 6 rixdales: ce prix qui
n’a voit point d’exemple, étoit l'effet de la grande concurrence
des acheteurs; il feroit à fduhaiter, pour le
bien de la Bretagne, qu’une feule compagnie eût le
privilège de vendre de la rogue aux pêcheurs de làr-
dines fur les côtes de cette province. Le baril de rogue
eft de quinze à feize veltes, ou une demi-barrique
de Bordeaux ; il y a des jaugeurs jurés pour les faire
bien pacquer & remplir. Il faut treize de ces barils,
pour faire un laft ou deux tonneaux de France en
port : il n’eft queftion d’aucun poids. Le fret que l’on
doit payer à Breft ou autre port de Bretagne , eft d’environ
trente livres pour chaque laft de treize barils,
avec dix pour cent d’avarie ordinairement pris fur le
montant du fret. Les droits qui font peu de chofe,
& tous les frais enfemble ne montent point à 15- fols
de France par baril. Voilà tous les éclairciffemens
qu’il eft pofiible de donner concernant le commerce
de Bergues & de la Norvège.
Je donnerai maintenant une idée des manufaâures
& des branches du commerce extérieur établies dans
la Norvège; je ferai connoître en même tems.là
forme d’adminiftration, mais comme elle eft liée
avec “ celle du Dannemark, & que des compagnies