pour aller en ftation en Iflande, afin de maintenir le
bon ordre parmi les pêcheurs François, de les protéger,
& de leur fournir les fecours dont fis pourraient
avoir befoin. Je reçus à Breft, vers la fin de
Janvier 17 6 7 , un ordre de M. le duc de Praflin de
me rendre à la cour, pour affaire concernant le
fèrvice du roi. Je partis à l’inftant même, j’arrivai à
Verfàilles, & je me préfentai au miniftre, qui me dit
qu’il m’avoit choifi pour commander la frégate la
Folle, de 26 canons de huit, qui ferait armée de
200 hommes d’équipage, pour aller remplir la million
dont je viens de parler. Quoique »cette campagne
m’annonçât beaucoup de peines & de fatigues, fa
nouveauté & le goût que j’ai toujours eu dès ma
plus tendre enfance pour les voyages, me eauferent
une fàtisfaétion qu’il ne pas pofïible d’exprimer.
M. Rodier, premier commis de la marine, me fit
communiquer différens mémoires & différentes ordonnances,
concernant la pêche en queftion. J’eus
l’honneur de voir pour le même objet M. le préfident
Ogier, qui, dans fôn ambaffade en Dannemarck,
avoit été à portée de eonnoître cette branche de
commerce, & qui avoit terminé à notre avantage
des difficultés élevées à cette occafion. M. le pré-
fidenc Ogier eut la bonté de me donner tous les
éclaireiffemens que je pouvois fouhaiter : il me dît
que le roi de Dannemarck avoit accordé à une
compagnie, formée à Copenhague , le privilège
exclufifdu commerce d’Iflande; que tout bâtiment
étranger, que tout bâtiment même Danois, autre
que ceux de cette compagnie, étoit dans le cas de
confifcation s’il étoit pris fur les côtes d’Iflande;
.que la compagnie entretenoit des gardes-côtes, pour
foutenir fes droits & s’emparer des navires interlopes;
que ces gardes-côtes s’étoient rendus maîtres,
il y a trois ans, de deux bâtimens de Dunkerque
qui avoient été vendus à Copenhague ; que ces deux
bâtimens étoient des pêcheurs de morue fur la côte
d’Iflande,qui avoient été furpris dans un port parles
gardes-côtes, lefquels leur avoient trouvé de la laine
& autres marchandifes de contrebande ; mais qu’étant
alors ambaflàdeur il les avoit réclamés, &
qu’ils avoient été rendus avec dommages & intérêts.
M le dric de Praflin m’ordonna d’aller à Dunkerque,
pour conférer avec MM. de la chambre du
Commerce fur les moyens de ranimer la pêche, &
d’en affûter le fuccès par la bonne règle & la difci-
pline qu’il falloit établir parmi les pêcheurs. Après
avoir pris à Dunkerque toutes les mefures nécef-
faires, & avoir fait choix de deux marins pratiques
des côtes d’Iflande, je revins a Verfàilles recevoir
les derniers ordres de M. le duc de Praflin, &
je me rendis enfuite à Bref!:, pour faire armer ma
frégate; elle fut mife dans lebaflln le premier d’avril-,
pour être carennée ; elle en fortit le 3 ; & le 4 je
commençai mon armement, dont je divifai le détail
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