point dépeuplée; mais un phyfîcien qui a eu la patience
de compter les oeufs d’une morue, & qui a
trouvé dans une feule neuf millions trois cens quarante
quatre mille oeufs, raffure par ce calcul les ob-
fèrvateurs, & prouve que la génération de ce poiffon
eft plus forte que fa deftruétion. Après la morue ou
le cabeliau, le poiffon le plus commun fur les côtes
de la mer du Nord, eft le hareng, dont la pêche eft
d’un produit infini pour les nations boréales. Ce poif-
fôn eft fi abondant, que, malgré l’énorme quantité
qu’on en prend, on calcule que le nombre des harengs
pris chaque année par tous les pécheurs dans
les mers du Nord, eft au nombre de ceux qui.peuplent
tous les ans ces mers, comme un eft à un. million.
Cette pêche nourrit en Hollande plus de cent
mille perfonnes. M. Huet évalue le produit annuel de
la pêche des Hollandois en harengs à< vingt-cinq millions
, dont dix-fept millions de pur gain & huit millions
pour les frais-. Doot foutient qu’en 1688 quatre
cens cinquante mille Hollandois furent employés à
la pêche du hareng ou à ce qui la concerne.
On voit une grande quantité de baleines, für-tôut
dans l’été, fur les côtes d’Iflande. J’en ai vu douze
ou quinze enfemble, à cinq ou fix lieues de terre, dans
le nord des ifles aux Oifeaux; je leur fis tirer une
vingtaine de coups dé canon à boulet, pour exercer
mes canonniers qui en blefferent plufieurs. On prend
en Mande beaucoup de faumqns ; & dans les lacs., .
tels que le Myvarne dont j ’ai déjà parlé, on trouve
quantité de truites excellentes, que les habitans lèchent
& falent,pour en faire leur nourriture pendant
toute l’année. Les anguilles font auffi très-communes,
mais les Iflandois ont pour ce poiffon une aver-
. fion finguliere.
Après avoir détaillé les, productions d’Jflande, il
convient de faire connoître la conftitution, les travaux
, & la vie privée des Iflandois. Ces peuples font
d’une taille ordinaire, & d’un tempérament robufte ;
ils jouiffent d’une fanté admirable ; une éducation
mâle, unevie fobre, pénible & frugale contribuent
fans doute à leur donner cette trempe forte. Us font
en général allertes & bienfaits ; ils ont de belles dents
& prefque tous des cheveaux blonds. Les femmes ne
font point d’une auffi bonne conftitution que les
hommes, leurs occupations font fort douces;, elles
travaillent & préparent les laines ,& leur plus grande
peine eft de faire le foin. Leurs couchesne font point
faciles, & auffi heureufes que le dit M. Anderfon;
un -inftant après leur délivrance, elles ne vont point
fe baigner & fe remettre à leur ouvrage. Dans les dif-
férens féjours que j’ai faits en ce pays-, mon chirurgien
en a accouché plufieurs avec les mêmes difficultés,
& je fais qu’elles reftoient toutes Irait jours au
lit; j’ai même appris qu’il en meurt beaucoup-en couche
faute de fages-femmes, de chirurgiens & des fe,
cours néceffaires. Les Iflandois n’ont, ni bons chh-
G 3,
ConflitütforV
des Iflandois,-