noire qui ravagea tout le nord interrompit fo navigation
du Groenland, & pendant plus de deux fiecles
ce pays fut entièrement oublié. Martin Frobisher fortit
des ports de l’Angleterre en 1^76 pour tenter de
connoître le Groenland , mais les glaces ne lui permirent
d’y aborder qu’en 1577. Il donna fon nom
à un détroit fous le 63e. degré de latitude. En x JS?,
Jean Davis alla plus nord, & donna aufli fon nom
au détroit qu’il découvrit. Chriftian IV. y envoya en
160 J trois vaiffeaux qui établirent un commerce avec
les Groënlandois, & en ramenèrent cinq à Copenhague
, qui y moururent de chagrin d’être expatriés ;
il y renvoya cinq vaiffeaux l’année fuivante, & en
1616, ce prince fit partir le capitaine Munck avec
deux vaiffeaux pour la baie de Hudfon, afin de chercher
un paffage par le nord-oueft. C’eil le capitaine
Munck qui donna le nom de Farewell (qui en anglois
veut dire Adieu ) au cap qui forme la pointé méridionale
du Groenland. En i <53<5 , des négocians de
Copenhague envoyèrent deux vaiffeaux au détroit
de Davis, qui commercèrent avec les Groënlandois,
& rapportèrent .beaucoup de poudre d’or. On ne lait
pour quelle raifon ce commerce fut encore abandonné
par les Danois jufqu’en 1718 qu’un prêtre
plein de zèle obtient du Roi de paffer avec toute fa famille
en Groenland. Il le nommoit Egede, & tous les
Groënlandois auxquels il prêchoit l’Evangile avoient
pour lui la plus grande vénération. En 1 7 3 1 j L r0^
de Dannemarck fit revenir tous les fujets qu’il avoit
en Groenland. Egede feul y relia avec fa famille. Le
Roi y renvoya en 1734, & aujourd’hui le commerce
du Groenland le fait par la Compagnie générale
de Copenhague, qui y envoie tous les ans trois
vaiffeaux.
Les côtes du Groenland lont d’un difficile accès ,
à 'caulè 'des écueils & des glaces qui l’environnent
On prétend même que le détroit de Forbisher effc
aujourd’hui fi rempli de glace, qu’on doute qu’il ait
éxiilé. La partie orientale du Groenland, qui eil à
l’oppofite d’Iflande,elt tout-à-fait inaccefîible par les
glaçons qui viennent du côté de Spitzbergues,&qui
bouchent quelquefois le paffage qui elt entre Plilande
& le Groenland, lequel a environ trente-cinq lieues de
largeur: c’eft ce qu’on a vu en 1766; les bâtimens
pêcheurs (on l’a déjà dit) ne purent jamais doubler
le cap de nord.
Le climat du Groenland eil froid, & le tems y
ell très-inconflant & variable. Dans les vallées, le
terrein confifte en marais & en terre de tourbes, &
les montagnes qui font des rochers efcarpés, font
couvertes de neige & de glaces: on n’y trouve pas
plus d’arbres qu’en Mande. Il ÿ a en Groenland plu-
fieurs montagnes d’amiante. On y trouve des lievres
blancs très-petits, & des rennes , mais qui n’ont point
de rapport avec les rennes des Lapons. Les renards
y font gris,blancs & bleusjon y voit des ours, mais