donner dans ce paffage. Nous prolongeâmes un iflot,
que nous laiflamesji bas-bord à portée dç piftolet,
pour évitef imermche fous" Tean dont nous padames
encore plus près, à en juger par le-remouxqqe le pilote
norvégien nous fit remarquer. Après avoir pane
cette roche, nous mîmes le cap au nprd, enfuite au
nord - quart - nord- oueft, & lucceiîivement au nord-
nord-oueft pour arrondir plufieurs petites ifles ou rochers
que nous laiffâmes toutes a bas-'bord. Après
avoir doublé toutes ces illes, nous nous trouvâmes dans
une petite rade formée comme un badin, dont on ne
voyoit ni l’entrée ni la fortie. Une éfeadre de quatre
à cinq vaideaux peut y mouiller par fept brades d’eau
Fond de fable; il y a des bâtimens qui y ont hiverné:
On voit des organaux de fer de tous les côtés pour
amarrer les vaideaux qui ne veulent pas mouiller
leurs ancres, ou qui n’en veulent mouiller qu’une
pour affourcher avec un grêlin. Nous fortîmes de ce
badin par un goulet où deux bâtimens anrôient bien
de la peine à paffer de front, & nous nous trouvâmes
enfuite dans une baie qui a plus de douze lieues de
circonférence, & qui ne paroiüoit avoir ouverture
qu’au nord-oued , à trois lieues devant nous. J’embarquai
alors mes bâtimens à rames, & je forçai -de
voiles au nord-oueft pour fortir de cette baie-par
l’ouverture qui fe montrait. A midi, nous étions entre
les deux ides qui forment cette pade, qu’on nomme
la pajje de Heme-Gat ou Hemefiordy les pilotes
D A N S L A M E R D U N O R D . 127
norvégiens s’en retournèrent, & je gouvernai au
oueft-nord-oueft en forçant de voiles pour m’éloigner
de terre. On voit que cette fortie des lits de Bergues
eft longue, mais elle n’eft point difficile. On compté
dix lieues de France depuis la ville de Bergues juf-
qu’à cette pade dite H em e-G a t; mais dans ces dix
lieues; il n y a pas plus d’une demi-lieue de difficulté.
On trouve deux mouillages pour de gros vaideaux,
& plufieurs pour de petits bâtimens, entre Bergues &
1 entrée du petit badin dont j’ai parlé, dans lequel
ç>n peut reder en fureté, fi les vents refulènt ou s’ils
font trop forts pour aller en mer. Cette rade eft encore
plus beureufement placée pour les vaideaux qui
viennent du large, & qui fe trouvent à la côte par
un gros tems,car ils trouvent un bon afyle, & felon
l’expredion de Virgile, Statio bene tuta carinls Ça).
Cette fortie de Bergues par le Nord, quoique plus
Içngue, eft donc plus belle que.celle parle fudnommée
pajje de Cruxfiord, qui n’eft éloignée de Bergues
que de fix lieues de France. La route par Cruxfiord
eft plus courte; mais elle eft audi plus étroite; & le s
mouillages ne font point fi bons; au refte les vents
& la diftination des bâtimens doivent décider pour
l’une ou l’autre des pafles; mais, par rapport à l ’at-
térage en venant de la mer, mon avis eft d’attérer
plutôt fud que nord ; car du côté de la paffe de Henne-
00 Virg. ÜSneide,