qu’alors elles acquièrent une grandeur prodigieuse
et une forme très-bizarre. Les lapins, les lièvres,
les écureuils, les rats, les castors, etc., etc., nous
en offrent journellement des exemples.
L’éléphant, animal du genre des pachydermes,
a des défenses qui acquièrent également une longueur
prodigieuse, mais naturelle ; cela tient, je le
répète, à ce que n’éprouvant pas d’obstacle à leur
développement, elles peuvent acquérir une grandeur
excessive : cependant on a des exemples que
ces animaux éprouvent aussi des difformités dans
la position de leurs dents. On voit dans la collection
anatomique du Jardin du Roi plusieurs exemples
de défenses d’e'léphant, dans lesquelles il existe
des balles en fer dans le tissu de l’ivoire. J ’ai fait
représenter un de ces exemples (pl. xvm, fig. 6, a),
pour qu’on puisse se faire une idée du refoulement
( id ., 5) qu’a produit ce projectile lancé par une
arme à feu sur la pulpe dentaire, qui, ayant été
déplacée, ne s’en est pas moins cristallisée, et a
formé un noyau qu’on pourrait isoler sans beaucoup
de difficulté. Au reste, toutes ces difformités
dentaires sont susceptibles de varier à l’infini : c’est
pourquoi je me bornerai à celles que je viens de
rapporter.
Les dents sont susceptibles de se fracturer, et
cette lésion peut arriver par des chutes, ou par des
substances trop dures mises sous leurs surfaces triturantes.
Si la fracture est incomplète, la nature
pourra rétablir ce désordre ; mais si la dent est
totalement divisée, l’art ne saurait y remédier,
malgré la parfaite coaptation des parties lésées. Cependant
il est possible d’enlever des éclats de dent
sans qu’il en résulte de fâcheux accidens ; car feu
mon ami le chevalier Delalande m’a rapporté qu’il
avait vu, dans son voyage au cap de Bonne-Espérance
, des nègres qui, avec des cailloux tranchans,
se les taillaient en forme de dents de scie, et que
cette singulière mode ne leur déterminait aucun
trouble notable dans ces organes. Le Muséum royal
d’histoire naturelle possède, dans ses galeries d’anatomie,
une tète osseuse d’un des indigènes de cette
partie de l’Afrique que ce voyageur a rapportée,
et sur laquelle on remarque ces taillades sur les six
dents antérieures de l’une et l’autre mâchoire.
Il possède également une tête de Madurien qui
a été rapportée et donnée parM. le docteur Busseuil,
médecin en chef de la frégate la Thétys, et sur laquelle
on remarque une large usure de la face antérieure
des incisives et des canines de l’une et de
l’autre mâchoire, et tellement profonde, que non-
seulement l’émail, mais encore une portion de la
substance osseuse, ont été enlevés. Outre cet usage
qu’ont les habitans de ce pays, ce médecin naturaliste
m’a montré des feuilles de bétel roulées ,
dans lesquelles ils mettent delà chaux éteinte, qu’ils
contournent ensuite en spirale, en plaçant au centre
une noix d’arec, qu’ils mâchent avec délice, et qui