placement de ces dents, si on se contentait de les
examiner isolément des os dans lesquels elles sont
enchâssées : mais en faisant à ces os une préparation
convenable, on découvrira facilement le mode
de formation et de changement qui leur est propre.
Effectivement, on s’apercevra qu’elles ont chacune
un sac‘dentaire contenant, comme chez l’homme,
la pulpe gélatino-muqueuse qui forme le ganglion
des dents; on verra que chaque sac est entièrement
tapissé, à sa partie interne, par les glandules qui
sécrètent l’émail dont elles sont recouvertes ; que
la forme du sac dentaire est analogue à la dent,
c’est-à-dire qu’il est conique, présentant à sa base
une cavité conoïde; que dans cette cavité il existe
un autre sac ayant la même forme, et qui reçoit
également un petit sac dentaire dont le développement
sera d’autant plus apparent que la dent contenue
dans le premier sac sera près de sa chute;
enfin que ces sacs sont emboîtés les uns dans les
autres, absolument de la même manière que l’on
emboîte des cornets.
Les vaisseaux et nerfs vont porter au-dessous et
entre chaque sac la nutrition nécessaire à leur développement
, de manière que l’on peut voir trois
dents l’une dans l’autre, comme je l’ai fait figurer
d’après un gavial (fig. i) : quelquefois cependant on
n’en aperçoit que deux (fig. 3), et cela peut tenir
à ce qu’il n’y avait pas long-temps que la dent -, qui
était hors le bord alvéolaire, avait été compléte-
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ment expulsée par celle située au-dessous, comme
je l’ai fait représenter d’après un caïman, dont les
dents ont une forme étranglée près de leur sommet,
ce qui n’existe pas pour le premier crocodile que
j ’ai cité. La chute de la dent qui est hors le bord
alvéolaire arrive toutes les fois que celle qui est placée
au-dessous est assez grosse pour en comprimer
les parois internes, et empêcher par cette compression
que les vaisseaux et les nerfs puissent continuer
à y porter la vie : alors, restant pendant
quelque temps comme un corps étranger sur Tare
maxillaire, elle finit par s’user par son sommet, de
manière qu’il n’est pas rare de voir cette dent
former une espèce d’anneau par lequel passe celle
qui la remplace ; cette dernière croissant repousse
au dehors les restes de celle qui l’a précédée, et
demeure ainsi seule sur le bord alvéolaire jusqu’à
ce qu’elle soit à son tour également expulsée.
Je terminerai ce que je viens de dire sur les
dents du crocodile, en faisant observer que la face
interne de la base de chacune d’elles, quand elle
est bien formée, présente, chez le gavial, une échancrure
très-marquée, de manière à laisser voir facilement
les dents emboîtées les unes dans les autres,
comme je l’ai déjà dit (fig. i , a, b, c ), au lieu que
chez le caïman cette ouverture finit souvent par
former une fenêtre ovale.
Les dents, chez ces animaux qui n’ont rien de
venimeux, sont très - nombreuses, et, quand ils