abondance de l’émail, à la complaisance de M. Morand
, l’un des chirurgiens dentistes les plus distingués
de Paris, qui a bien voulu me montrer sa belle
collection riche en dents pathologiques.
Quand les couronnes des dents sont sorties de
leurs bords alvéolaires, l’émail qui les recouvre est
exposé à l’air libre toutes les fois que la bouche
s’ouvre; alors il reçoit des impressions plus ou moins
vives qui affectent cette substance suivant l’état
de l’atmosphère; mais lorsque nous prenons les
alimens ou les boissons nécessaires à notre existence,
et que les uns sont chauds et les autres
froides, ces impressions qui sont beaucoup plus
vives agissent sur l’émail qui se fendille longitudinalement.
C’est peut-être de là qu’est venu cet
adage si connu, « qu’un verre de vin bu immédiatement
après la soupe retire un petit écu de la poche
du médecin, mais qu’il le remet dans celle du dentiste.
» Cette vérité est si évidente, qu’il y a très-
peu d’individus dont l’émail des dents ne soit fêlé.
Si, comme des auteurs le prétendent, l’émail était
une substance organisée, il se réparerait quand il a
éprouvé une lésion, et les fêlures disparaîtraient ;
mais ne l’étant point, il est soumis aux lois des
corps bruts. Les acides, quoique légers, agissent sur
cette substance, la blanchissent et lui enlèvent son
beau poli ; les dentifrices en poudre lui sont également
préjudiciables; les végétaux acerbes et les
substances sucrées et dures lui nuisent aussi ; enfin
cette substance contracte diverses couleurs, suivant
1 idiosyncrasie des sujets, et est d’un blanc de lait
tirant un peu sur le jaune chez les individus bien
constitues et qui jouissent d’une bonne santé.
L’e'mail n’est pas seul susceptible d’aberrations ;
les dents , sur une partie desquelles cette substance
s’encroûte, ont aussi leurs maladies qui les altèrent
et les détruisent ; elles présentent encore quelquefois
des irrégularités considérables, soit par leur déplacement,
leur forme et leur volume : aussi vais-je
entrer dans les détails les plus nécessaires pour
faire connaître ces divers accidens.
Déplacement des dents. Les dents de la première
dentition sont rarement assuje'ties à des déviations
contre nature par la raison que les sacs dentaires
déposés dans les gouttières alvéolaires,'ne sont séparés
les uns des autres que par de légères cloisons
osseuses qui, elles-mêmes, sont fermées par les gencives
auxquelles ces sacs sont adhérens ; de manière
que pour paraître, les dents de première dentition
ne trouvent de résistance que pour traverser cette
membrane; à la vérité, cette résistance cause souvent
quelque dérangement dans la santé du jeune
etre qui 1 éprouvé, mais en produit rarement dans
la position que doivent prendre ces dents.
11 n’en est pas de même pour les dents de la seconde
dentition , où l’on voit de très-grandes irrégularités
qui proviennent le plus ordinairement de
ce que les vingt germes des dents de remplacement