tandis que cette épaisseur diminue progressivement
vers le collet. Les incisives et les canines présentent
aussi la substance émailleuse ; et ce qu’il y a de bien
remarquable, c’est que cotte substance, quand ces
dents sont jeunes, c’est-à-dire qu’il n’y a pas encore
eu de détrition, les recouvre complètement.
Mais après une usure du sommet de chacune d’elles
de plusieurs millimètres, cette substance ne se voit
qu’à leur face externe, comme nous l’avons observé
pour les incisives de tous les rongeurs , afin probablement
d abriter la substance osseuse ou éburnée
de ces dents du contact de l’air atmosphérique.
Les dentistes se servent des canines de l’hippopotame
, de préférence à toute autre substance animale
connue jusqu’à ce jour ; ces dents leur présentent
des avantages incontestables par leur dévélop-
pement et par l’extrême dureté de sa substance
éburnée, ainsi que par la couche émaillée dont leur
face externe est recouverte, comme je l’ai fait observer
plus haut, et dont l’épaisseur est assez prononcée
pour qu’on puisse en user une certaine quantité
sans en priver entièrement les dents artificielles $
ce qui contribue non-seulement à leur conservation,
mais à présenter ces pièces, si elles sont bien exécutées
, comme naturelles.
Enfin, il est encore une substance qui recouvre
l’émail des dents molaires; c’est une croûte très-
dure , mince et comme transparente, qui forme une
espèce de cortical. Cette substance, qui ne s’aperçoit
pas près du sommet de la couronne, est plus
épaisse au collet de ces dents. Je ne puis dire si cette
excrétion croûteuse est le produit d’un appareil particulier
placé dans l’intérieur de la bouche de cet
animal, comme je le présume, ou si c’est le résultat
d’une concrétion des sucs de plantes marécageuses
ou fluviatiles dont il se nourrit ; ce qu’il y a de certain,
c’est qu’elle existe, et que chez les vieux individus
elle y est plus abondante : ce qui me porte à
croire que le suc de ces plantes entre pour quelque
chose dans sa formation ou du moins dans sa coloration
. Consultez les figures i , 2 et 3 de la planche
xix, pour le tissu éburné et l’émail de ces dents.
Quant à cette substance corticale ou plutôt cette
croûte tartreuse, je ne l’ai pas fait représenter.
DENTS DU COCHON ORDINAIRE.
La première dentition chez le cochon ordinaire
(sus) ou le sanglier (sus scropha) est de trente-
deux dents, seize pour l’une et l’autre mâchoire,
subdivisées comme il suit, savoir : six incisives,
deux canines et huit molaires. Ce nombre, comme
il est facile de le voir, n’est que de huit pour chacun
des côtés des maxillaires, c’est-à-dire qu’il ne
présente que trois incisives, une canine et quatre
molaires. Toutes les dents persistantes, qui sortent