mène vient, pour les dents à racine fermée, de ce que
l’alvéole cherchant à se resserrer par son bas fonds
chasse petit à petit la dent, qui par cela même
nuit souvent à la mastication. Il est des animaux
chez lesquels cet alongement dentaire est très-
considérable : il a lieu, comme je l’^i déjà fait observer
dans le courant de cet ouvrage, toutes les
fois que les racines des dents ne sont point fermées.
J’ai fait part à l’Académie de Médecine de Paris
d’une de ces monstruosités existante sur une canine
inférieure droite d’hippopotame, que l’on
peut voir dans les galeries d’anatomie du Jardin
du Roi. Cette dent (pl. xx, fig. i) est contournée
en forme de tire-bouchon, et est une demi-fois plus
longue que dans l’état naturel : elle a pris cette croissance
et cette figure parce qu’elle ne butait plus
sur sa correspondante du maxillaire supérieur.
Il est un autre exemple non moins frappant de
cet excès de croissance, et nous le remarquons encore
dans une canine inférieure droite d’un animal
de même espèce (pl. xix, fig. 3), qui probablement
avait pris l’habitude de heurter la terre ou les troncs
des arbres avec sa dent; de sorte que le germe de
cette dent a été, dans sa formation, comme plié
de distance en distance, et que, n’étant pas arrêté
dans sa croissance, la dent a décrit une courbe représentant
un anneau imparfait. Cependant il ne faut
pas croire que cette forme lui soit venue sans aucune
cause inflammatoire; car les végétations que
l’on y remarque, et qui simulent l’habitation de
cette espèce d’annélide appelée serpule, indiquent
que quelques brides se sont interposées dans une
partie de la pulpe dentaire, et lui ont occasioné une
autre difformité.
, J ’ai fait figurer aussi O une défense non moins
curieuse (pl. xx, fig. 2) du maxillaire inférieur
d’un sanglier ordinaire, représentant cette dent
plus que contournée en anneau par le même vice '
de conformation.
Il est cependant une espèce de pachyderme qu’on
nomme babiroussa, dont les canines supérieures
sont longues et fortement contournées en arrière et
en haut : cette disposition est naturelle à cet animal.
Le porte-musc, espèce d’animal du genre des
ruminans, a également deux grandes canines à sa
mâchoire supérieure, qui sont légèrement contournées
de haut en bas et de dehors en dedans.
Cette disposition lui est également naturelle.
J ’ai choisi parmi les quadrupèdes les deux exemples
ci-dessus, représentés dans leur état naturel,
afin que les personnes peu habituées à voir les dents
de ces animaux ne les confondent pas avec les dents
anomales.
Il existe encore d’autres espèces de dents qui sont
susceptibles de croître outre mesure; ce sont les
incisives, et plus particulièrement celles des rongeurs
: car il suffit que ces dents dévientpour qu elles
ne se rencontrent plus les unes contre les autres, et