Je fis fonder a—deux lieues au fud-oueft du cap
de Raye, où Ton ne trouva pas le fond à 180 brades,
mais à une lieue au nord-oueft quart de nord, il fut
de 60 brades, & de 28 à un quart de Jieue : j’étois
affiné, avant de l’éprouver, qu’il y a fonde auprès
du cap de Raye, n’ignorant pas que, les chaloupes
viennent y pêcher; ainfi, quoiqu’il me fut preferit
d’y fonder , je ne le fis que dans les momens où
j’étois d’ailleurs obligé d’interrompre la route ; en
effet, j’avois pour principal objet la jufteflè de
feftime, qui ne peut manquer d’être altérée par les
fréquentes interruptions des routes.
Le vent ayant paffé alors au fùd-fud-eft, contraire
à la ipute que j’avois à faire le long de la
côte de Terre-neuve, je relâchai à un petit port derrière^
une ifîe voifine de la côte, à trois lieues deux
tiers au nord quart de nord-oueft de la pointe du
cap de Raye, comme je l’ai reconnu par feftime de
deux routes : on peut juger de la petiteffe de ce port
par la longueur de l’ifïe qui le forme, qui n’a que
600 toifos ; il n y a de fond que pour des vaiffeaux
marchands, encore échouent-ils à demi-marée, mais
ils y font parfaitement en fureté & amarrés à terre.
J’obfervai * le même jour fur l’ifle, la hauteur
méridienne du Soleil avec le quart-de-cercle, qui
donna la latitude de 47 degrés 52 minutes & demie,
dont je déduis celle du cap de Raye de 47 degrés
4Ï minutes & demie. On la trouvoit exaéte à très-peu
de TAmérique feptentrtonale.
de chofe près fur la carte du Dépôt : la détermination
de la latitude- de ce cap acheva de conftater la
fituation des extrémités de cette entrée principale du
golfe de Saint-Laurent.
Le premier Août nous eûmes encôre un orage
qui fe fit peu fentir dans le port où nous étions, mais
qu i: étôit confidérâble dû côté du golfe > où ' ils
paroiffent. fréquens dans 'dette' làifon.
fi Le 2 au matin nous fôrtîmes de- ce port avëc le
vent au nord-oueft, &. commençâmes de la pointe
du cap de Raye la route vers lès ïfles de Saint-Pierre.
Les terres de la côte du fud de 1 ifîe de Terre-neuve
font généralement hautes, fur-toiit Vers le cap de Raye,
mais les montagnes ne S’étendent pas jufqu à-la mer,
elles font communément bordées de terreins bas qui
forment la côte à environ une à deux lieues du pied
des montagnes. On découvre ce cap de plus de dix
lieues de diftance, & il eft très-rertiarquable lorfqu ôn
vient du côté du fud-eft, par une cime de montagne
faite en cône, que l’on voit comme ifolee en dehors
du refte des terres : il y parôît plufieürs de ces cimes
lorfqu’on vient du côté du nord, mais de quelque
côté qu’on l’aperçoive, on ne fàuroit le meconnoitre
à la fituation des terres, qui forment dans cet endroit
la pointe fud-oueft de l’ifîe de Terre-neuve.
A environ deux lieues 6c demie de la pointe du
cap de Raye, nous vîmes l’entrée du port aux Bafqnes
du côté de l ’eft de fille S Amiens. II me paroît bien
Y