4 4 Voyage Jur les cotes■
Arrivée à Louifiourg.
N o u s dëfcendîmes à terre Iaprès midi, M. de
Divers & moi, pour rendre nos devoirs à feu M. Def-
hèrhiers., Capitaine de vaiffeau & Gouverneur de l’ifîé,,
de qui nous reçûmes les premières marques des bontés
& de l’affeétion dont il a bien voulu continuer de
nous honorer pendant notre féjour à Louijbourg^
Nous travaillâmes dès-iors, avec toute la diligence
poflible r à l’armement du bateau * deftiné à nous tranf-
porter dans les endroits où- nous devions profiter r
pour nos travaux, du relie de la failbn ; mais notre
départ fut retardé pour attendre que les voiles en
fiiflent achevées.. _ : t
Ce temps ne pouvoit être mieux employé qu’à
Élire les obfervations qui fe préfenteroient, & dans ce
delfein je montai les inftrumens dans lé jardin de?
M. le Gouverneur, faute d’un endroit plus convenable
dans la ville; mais ileft peu de pays dônt le climat Ibifc
moins propre aux obfervatiens aftronomiques, que
celui de Louifiourg, & des côtes que j’ai parcourues
cnlùite; les temps oblcurs & les grands vents, que~
les Allronomesredoutent tant par-tout, y font encore’
plus fréquens, Sc ne font pas le feul inconvénient
* Bâtiment dont on fe fert en Amérique,-du port de. 8o 4 ioo tonneaux^*
& n’ayant qu’un, tuât.
de ïAmérique fcptèntrionale. 4 ƒ
qu’on y éprouve, la brume prefque continuelle,
lailfe fouvent à peine découvrir le ciel deux ou trois
fois en quinze jours, de forte quai eft rare que ce
foit dans les momens où l’on a quelque obfervation à
faire; & fi par hafiird il fait alors un beau ciel, on a
toujours à craindre que eette mêmebrume qui s’élève
q u e lq u e f o is tout à coup, n’empêche une obfcrvatioir
fort attendue, ou qu’étant déjà faite elle ne la rende
inutile , faute de pouvoir enfuite connoître l’iié^ré .&
la marche de la pendule par celles qui- doiventf’ae-
compagner^
D ’ailleurs le fol de tous ces pays* par fe peu de
Ibliditede fit lurface, eft très-incommode pour toutes
les obfervations où l’on cherche les hauteurs des
àftres; ce n’eft, pour ainû dire, par-tout qu’une moufle
légère ou de l’eau, on trouve à peine où pofer fo|i-
dement un quart-de-cercle ; d’un autre côté la grande
humidité du terrein qui s’élève prefque contirfueljef
’ment en vapeurs , attache très-fouvent le cheveu du
plomb au limbe de I’infiriiment, & fans des précau-
tiens on ne lauroit alors compter lùr une hauteur exaéle.
Avec autant d’obftacles de la part du climat, ce ne'
fut qu’au bout de douze jours, & en profitant de quefi.-
qUes intervalles affez beaux „que. je parvins à connoître
la latitude, qui fut trouvée par ptufieurs hauteurs-mé.rr-
diennes du Soleil & d’étoiles, de 4. 5 degrés 53 minutes
deux tiers; la carte de l’océan occidental du Dépôts
ne difîéroit pas fenfiblement de cette détermination^